Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/953

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre.


L’arrangement que nous venons de conclure avec l’Espagne, à propos du Maroc, comprend deux parties, dont l’une est publique et l’autre secrète : il nous est donc impossible d’émettre un jugement sur l’ensemble. Lorsque nous parlerons de la partie secrète, nous ne pourrons le faire que d’après les bruits qui courent ; mais, comme ces bruits sont confus et quelquefois même contradictoires, et comme, au surplus, il y aurait peut-être des inconvéniens à essayer de les trop préciser, nos observations conserveront nécessairement un caractère hypothétique. Nous avons entendu émettre l’avis que, sous un gouvernement d’opinion comme la République, il était difficile d’admettre que la connaissance d’engagemens aussi importans, et peut-être aussi graves, fût soustraite aux Chambres. On ne saurait nier que toute cette affaire du Maroc n’ait été conduite avec beaucoup de mystère. C’est à peine si, dans les discussions parlementaires, il y a été fait quelques allusions plus ou moins directes. En réalité, les Chambres ont laissé au gouvernement pleine liberté d’agir, sans pouvoir toutefois lui laisser en même temps toute la responsabilité. Le Parlement n’a éprouvé aucun désir que le gouvernement s’en expliquât au préalable avec lui, et, lorsque les résultats acquis ont été partiellement connus, l’opinion et le Parlement s’en sont montrés satisfaits. M. le ministre des Affaires étrangères a poursuivi sa tâche avec une grande fixité dans les vues et une ténacité encore plus grande dans la volonté. Il est arrivé jusqu’ici à ses fins, qui consistaient tout d’abord à dégager, à débarrasser pour nous la question marocaine des compétitions