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plus grande partie, leurs équipages que d’inscrits maritimes, est accompagnée en effet d’obligations secondaires qui rendent encore plus onéreuse, au point de vue matériel, cette restriction qui n’existe qu’en France, aucun autre pays, sauf l’Italie dans une certaine mesure, n’ayant adopté notre système de l’inscription maritime avec toutes les conséquences qu’elle implique[1]. Citons, parmi ces obligations secondaires, celle de faire donner gratuitement des soins au marin malade pendant la durée de l’engagement, celle de le rapatrier, au cas de vente du navire ou de naufrage, celle de lui maintenir son salaire, en cas de maladie, non seulement jusqu’au retour en France, mais pendant quelques mois encore après le débarquement. Le marin, congédié sans cause valable après l’ouverture du rôle d’équipage, a droit à une indemnité. Un marin ne peut être congédié à l’étranger sans l’assentiment du consul français. On pourrait continuer l’énumération.


V

On a parlé d’une grève des états-majors de la marine marchande à Marseille, qui aurait précédé, qui même, prétend le syndicat des inscrits maritimes, justifierait la grève ultérieure des équipages. M. Pelletan, dans une de ses nombreuses interviews, a déclaré qu’il cherchait vainement une grève des inscrits, mais qu’il voyait nettement une grève d’officiers de la marine marchande.

Il convient de rechercher ce qu’il peut y avoir de fondé, ce qu’il y a surtout de spécieux dans de telles assertions.

Comme en l’an IV après la Révolution, comme en 1852 après la deuxième République, une véritable anarchie, après toutes les fantaisies de grèves, d’insubordination, d’oubli de leur situation légale, auxquelles se livraient depuis plusieurs années les inscrits maritimes de la navigation de commerce, régnait, au commencement de 1904, à bord des navires de la marine marchande. Les

  1. Quelques pays d’Europe, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, appliquent des dispositions diverses dont l’ensemble se rapproche plus ou moins du système de l’inscription maritime. L’Italie exige que les deux tiers au moins des équipages de ses navires de commerce soient de nationalité italienne. En Angleterre il existe une immatriculation des marins, pour faciliter la police de la navigation, mais non une inscription maritime envisagée en tant que moyen de recrutement. (Paul Falloy, De l’Inscription maritime, thèse pour le doctorat, 1893.)