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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 24.djvu/241

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les religions comme des cas pathologiques, des névroses, qui les comparent aux ravages de l’alcool, aux plus dangereux poisons. Certains projets, signés d’un grand nombre de nos collègues, et des plus puissans, ont soulevé même la conscience de libres penseurs, de protestans, d’israélites ; ce sont, en effet, des lois de colère, où l’on trouve comme un écho de nos guerres religieuses, comme une tentative de représailles contre la révocation de l’Édit de Nantes et contre le procès d’hier. » Rien n’est plus exact que ce tableau ; mais, nous le demandons à M. Deschanel, le jour où on aurait renversé le ministère, les collègues dont il a parlé seraient-ils moins nombreux, moins puissans et moins résolus ? Nous écoutons attentivement ceux qui aspirent à remplacer M. Combes, et qui ont des chances d’y réussir. Suivant un vieux mot, ils annoncent qu’ils continueront le même air, mais qu’ils le joueront mieux. Que nous importe, si l’air reste mauvais, et comment ne le resterait-il pas, si l’auditoire auquel on veut plaire n’est pas changé ? Dans ces conditions, c’est sur le pays lui-même qu’il faut agir. Il ne s’est pas prononcé, aux élections dernières, sur la séparation de l’Église et de l’État ; qu’on lui pose la question aux élections prochaines.

M. le président du Conseil a répondu à M. Deschanel, ou plutôt a parlé après lui. Son discours se divise en deux parties. La première, nous l’avons dit, se rapporte à l’histoire de nos relations avec le Vatican depuis l’année dernière : la seconde a une portée plus générale. Dans la première, M. Combes a dépassé d’une manière sensible les limites de la trivialité oratoire où il s’était maintenu jusqu’ici. Le sujet ne prêtait guère à la facétie, puisqu’il s’agissait d’accusations graves portées contre deux évêques. Il en a parlé avec des sous-entendus, des équivoques, des joyeusetés de langage comme ne s’en permettait pas l’illustre Gaudissart dans les momens d’abandon où il se surveillait le moins. M. Combes visait évidemment à faire rire la Chambre, il n’y a pas réussi : les assemblées aiment qu’on ait vis-à-vis d’elles une certaine tenue. Il oubliait toutes les convenances dans son désir de se venger de deux prélats, sur lesquels il avait quelque temps compté pour faire reposer sur eux son Église nationale, et qui ont glissé dans ses mains. Tout ce qu’on peut dire d’un pareil langage, c’est qu’il ne relève pas la dignité de la tribune. Mais, en somme, les deux évêques n’intéressaient personne, et la déconvenue qu’ils ont infligée à M. le président du Conseil a laissé la Chambre particulièrement indifférente.

Toute cette affaire a été mal conduite. M. Ribot, qui a répliqué à