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chimique devait enrichir notre science ; Priestley, esprit tout à la fois très original et très conservateur ; Cavendish, dont les analyses n’ont pas été surpassées ; et enfin Humphry Davy qui, par la découverte des métaux alcalins et alcalino-terreux, expliquait la constitution des terres et consacrait définitivement l’idée des élémens.

La deuxième période nous présente les législateurs de notre science. Wenzel, à la suite des travaux de Rouelle, précise nos connaissances sur les sels et sur les doubles décompositions : Richter publie les premières tables de neutralisation des acides et des bases. Proust formule la loi de la constance des proportions (1806) ; et, en même temps, Dalton expose d’une façon complète la loi des proportions multiples, dont un premier aperçu avait été donné, en 1803, à la Société littéraire et scientifique de Manchester. Comme nous le verrons plus loin, l’importance de la loi de Dalton ne fut appréciée à sa juste valeur que beaucoup plus tard. Enfin, en 1808, Gay-Lussac indiqua les lois si simples des combinaisons gazeuses. Par leur énoncé, Gay-Lussac venait apporter à l’idée de combinaison une rigueur véritablement mathématique.

Dès lors, l’étude des poids des différens élémens qui entrent dans la combinaison put être poursuivie avec succès, surtout lorsque furent connues la loi de l’isomorphisme de Mitscherlich (1819) et la loi des chaleurs spécifiques de Dulong et Petit (1819). Dans cette troisième période, où la précision expérimentale sera portée à ses dernières limites, à côté des recherches de Victor Regnault, de Faraday, de Marignac et de beaucoup d’autres, les travaux les plus importans, publiés sur le sujet qui nous occupe, seront ceux de Berzélius, de Dumas et de Stas.

Le magnifique effort de Berzélius nous fournira une étude aussi complète que possible de la plupart de nos corps simples. Ces expériences seront reprises avec le plus grand soin par Dumas qui fixe d’abord la composition en poids de l’eau et de l’air, puis, qui nous donne un certain nombre de poids atomiques et, parmi ceux-ci, celui du carbone, pivot de toute la chimie organique.

Stas reprend ensuite l’étude de ces questions, et, à propos de l’hypothèse de William Prout sur l’unité de la matière, il établit nettement que les poids atomiques ne sont pas des multiples de l’unité. Les expériences de Stas resteront dans notre science comme un modèle d’exactitude.