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plomb ou de cuivre et d’étain, présentera entre 2 000° et 3 000° les mêmes particularités qu’un mélange d’eau et d’éther, d’eau et d’alcool, d’eau et d’acide formique. Les lois qui président au fractionnement de deux liquides, par distillation, s’appliquent donc à l’ébullition des métaux à très haute température.

Avec notre four électrique, nous opérons dans une atmosphère réductrice, et, si l’on utilise un courant assez intense, on obtient très rapidement une température constante, qui est celle de l’ébullition de la chaux vive. Au contraire, si l’on place la substance à étudier très près de l’arc, c’est-à-dire très près du conducteur gazeux de vapeur de carbone qui réunit les électrodes, la température s’élève avec l’intensité du courant. Une réaction chimique va nous le démontrer.

Avec un courant de 10 ampères sous 50 volts, la réduction de l’acide titanique par le charbon fournit un oxyde de couleur bleu indigo. Avec 300 ampères et 70 volts, on obtient une masse fondue d’azoture jaune, tandis que la haute température d’un arc de 1 200 ampères sous 70 volts donne un carbure de titane exempt d’azote. Avec un courant aussi intense, l’azoture de titane ne peut plus se former ; sa dissociation, par la chaleur, est complète et le carbure seul peut subsister. Nous avons rencontré, en poursuivant cette étude, d’autres exemples de combinaison, puis de décomposition sous l’action d’un arc électrique de plus en plus intense.

La chimie organique touche à la biologie : de là sa grandeur, et aussi ses difficultés. La chimie biologique ne pouvait se développer qu’après l’étude systématique de la chimie du carbone. Durant un siècle, on a pensé que la chimie biologique n’utilisait dans ses multiples transformations que quatre corps simples : le carbone, l’hydrogène, l’azote et l’oxygène. Mais dans ces dernières années, nos idées, sur ce point, se sont considérablement modifiées. On savait depuis longtemps que le fer était indispensable aussi bien dans le règne végétal que dans le règne animal. De plus, Raulin avait démontré, par de curieuses expériences, l’importance de traces de métaux étrangers sur la culture de l'aspergillus niger. Ces expériences avaient été oubliées : elles venaient trop tôt.

Mais, sur ce sujet, les découvertes apparaissent aujourd’hui de plus en plus nombreuses. C’est ainsi que les belles recherches de Frederick et celles de Henze nous ont montré que le cuivre