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d’expériences rigoureuses préparées avec le plus grand soin et la plus grande exactitude. Nous rappellerons à ce propos ses recherches sur la combustion, sur la respiration et sur la fermentation.

Cavendish, lorsqu’il a étudié l’action de l’étincelle électrique sur un mélange d’oxygène et d’azote, a poussé son expérience jusqu’à ce qu’il restât une très petite quantité d’un gaz incapable de se combiner avec l’oxygène. Il en mentionne l’existence. Depuis cette époque, il y a plus d’un siècle, dans combien d’universités, de lycées et de gymnases n’a-t-on pas répété cette expérience de Cavendish ? Et cependant personne, pendant un siècle, n’a terminé cette analyse. On la commençait, on ne la finissait pas. Celui qui l’eût conduite patiemment jusqu’à l’absorption complète de l’azote aurait découvert l’argon. Il a fallu que lord Rayleigh déterminât les densités du gaz, en répondant de la troisième décimale, pour que cette découverte prît corps. La méthode est élégante, mais le détour est bien long.

Nous pouvons citer un autre exemple. Lorsque Gay-Lussac découvrit, en 1815, le cyanogène, ce premier exemple d’un composé jouant le rôle de corps simple, ce premier radical formé d’azote et de carbone, il le prépara en chauffant modérément du cyanure de mercure pur et sec. Il se produit, dans ces conditions, un dédoublement en gaz cyanogène et en mercure. L’expérience est des plus simples. Proust, peu d’années auparavant, avait, lui aussi, chauffé du cyanure de mercure dans une cornue. Il avait obtenu de l’ammoniaque, un composé d’apparence huileuse, du gaz carbonique, de l’azote et de l’oxyde de carbone. C’est que Proust employait du cyanure humide. La différence dans la façon de faire la même expérience, avec deux hommes de la valeur de Gay-Lussac et de Proust, nous a semblé assez intéressante.

Revenons à cette préparation du cyanogène de Gay-Lussac. Il restait au fond de sa cornue une poudre noire en petite quantité. Après avoir établi la formule du cyanogène, l’existence de l’acide cyanhydrique, des cyanures, des cyanates, il fit l’analyse de cette poudre. Elle avait exactement la composition du cyanogène. Gay-Lussac l’indique, mais il se garde bien d’aller plus loin, et il a fallu attendre les belles recherches de Troost et Hautefeuille, publiées en 1873, pour connaître les lois de la