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LES
TRANSFORMATIONS DE L’AGRICULTURE

I
LA SITUATION DE LA PROPRIÉTÉ RURALE

Qui ne connaît la discussion de Jacques le Fataliste avec son maître sur les femmes, « l’un prétendant qu’elles étaient bonnes, l’autre méchantes : et ils avaient tous deux raison ; l’un sottes, l’autre pleines d’esprit : et ils avaient tous deux raison ; l’un fausses, l’autre vraies : et ils avaient tous deux raison ; l’un avares, l’autre libérales : et ils avaient tous deux raison ; l’un belles, l’autre laides : et ils avaient tous deux raison ; l’un bavardes, l’autre discrètes ; l’un farouches, l’autre dissimulées ; l’un ignorantes, l’autre éclairées ; l’un sages, l’autre libertines ; l’un folles, l’autre sensées ; l’un grandes, l’autre petites ; et ils avaient tous deux raison. » Quelque humoriste pourrait être tenté de démarquer la tirade, d’affirmer que libre-échangistes et protectionnistes ont également raison lorsqu’ils prétendent, les uns que l’agriculture nationale a besoin de liberté, les autres qu’elle ne peut vivre sans être défendue contre l’étranger ; les uns qu’elle se porte bien, les autres qu’elle est fort malade ; ceux-ci qu’il y a surproduction, ceux-là qu’il n’y a qu’abondance, etc. D’ailleurs, ni les champions, ni le talent, ni la conviction,