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ou le caractère des faits, — parce qu’il confond et brouille ou du moins réunit, sur le même plan, dans la même lumière, trois espèces de figures : la figure complètement et rigoureusement historique (le personnage vrai sous son vrai nom) ; la figure à demi historique (le personnage vrai sous un nom supposé) ; la figure d’invention ou de fantaisie. Plus positivement, sinon plus modestement, je m’attacherai à dégager, de l’œuvre, à cet égard encore, considérable, des frères Margueritte, des portraits d’hommes et, pour ainsi parler, des portraits de foules, toute une série de types politiques et sociaux ; représentatifs, dans le roman, à travers les deux grands déchiremens, les deux grands bouleversemens de la guerre étrangère et de la guerre civile, — d’un gouvernement, d’une armée, d’un Etat, d’une nation, d’un peuple, — les nôtres ; — et par là, pour nous, représentatifs d’une « époque » très récente, qui fut la nôtre.

Jusqu’à quel point, tels que MM. Paul et Victor Margueritte les ont peints, dessinés ou ébauchés, ces portraits d’hommes sont-ils ressemblans, ces portraits de foules sont-ils justement et exactement expressifs ? Dans quelle mesure la part d’histoire que contient cette vaste tentative de roman historique est-elle de l’histoire ? Enfin, jusqu’à quel point et dans quelle mesure les opinions que professent les auteurs, les sentences de condamnation et de réhabilitation qu’ils prononcent, les conclusions surtout, politiques et sociales, qu’ils entendent tirer de ce roman qui est de l’histoire ou de cette histoire qui leur a paru matière à roman, sur quoi, en quoi, pourquoi tout cela est-il fondé ? Ou, au contraire, sur quoi, en quoi, pourquoi ne l’est-ce pas ? C’est la seule question que je me croie, quant à moi, autorisé à poser, et c’est la seule aussi à laquelle je voudrais essayer ici de répondre.


I

Une époque, trois temps ; un drame, trois actes : I. Le Désastre (Saint-Cloud, le Rhin, Metz, juillet-octobre 1870) ; II Les Tronçons du Glaive (la Loire, le Nord et l’Est, septembre 1870-janvier 1871) ; III. La Commune (Paris et Versailles, mars-mai 1871). En outre, mais un peu hors cadre, et un peu artificiellement, en tout cas très accessoirement, formant un quatrième volume : Les Braves Gens, quelques tableaux ou récits épisodiques