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M. Pelletan qui leur donnerait cette leçon de choses, et à qui se fier désormais ?

Ce petit fait, et quelques autres encore, donnent à croire que la situation, quelque mauvaise qu’elle soit, se rétablirait assez vite avec un autre gouvernement. Ainsi, nous venons de voir la Chambre voter à une majorité plus forte que jamais le maintien du budget des Cultes : il a suffi à M. Combes de dire qu’il ne s’y opposait pas, en attendant la séparation de l’Église et de l’État, pour que la Chambre mise à l’aise, et laissée libre de voter suivant ses préférences, obéît à son inclination secrète, qui est concordataire. Il est vrai qu’elle a voté la suppression du crédit affecté à notre ambassade auprès du Saint-Père, et cela est fâcheux ; mais le gouvernement et la commission étaient d’accord sur ce point ; et puisque l’ambassade était rappelée en fait, et qu’on ne pourra pas la reconstituer et la renvoyer à Rome sans une discussion parlementaire nouvelle, on a pu croire qu’il n’y avait pas de raison absolue de maintenir un crédit qui ne se rapportait plus à une réalité présente. En revanche, on a voté à une forte majorité les crédits relatifs à nos écoles et établissemens d’Orient et d’Extrême-Orient, et M. Combes a profité de cette circonstance pour expliquer, atténuer ou retirer quelques-uns des propos inconsidérés qu’il avait tenus ou qu’on lui avait prêtés sur une question dont il ne connaissait probablement pas alors le premier mot. Ce sont donc nos institutions les plus attaquées, les plus critiquées, les plus menacées, qui ont rencontré cette année le plus de faveur de la part de la Chambre. N’y a-t-il pas là un enseignement ? Malgré tout le mal qu’on a fait, on pourrait encore en empêcher beaucoup : mais il faudrait un autre ministère, et M. Combes tient tant à son portefeuille qu’on ne le lui arrachera qu’avec la vie !

FRANCIS CHARMES.
Le Directeur-Gérant,
F. BRUNETIÈRE.