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GRÉGOIRE ALEXANDRESCO
ET
SES MAÎTRES FRANÇAIS


I

Un livre paraissait en 1832, qui portait ce titre impropre : Éliézer et Nephtali, poème traduit d’après Florian, par Grégoire Alexandresco. — Florian, alors à la mode dans les deux principautés roumaines, remplissait la partie la plus considérable, mais non la plus caractéristique du volume. Il avait attiré l’attention du poète par sa langue facile, par sa pensée plus facile encore, et c’était peut-être chez lui, que le poète avait surtout appris son français. Il servait maintenant de protecteur au nouveau livre, l’auteur, trop inexpérimenté et trop timide, n’osant pas encore se produire tout seul en public. Mais déjà on s’apercevait que Florian, pour avoir charmé l’enfance d’Alexandresco, n’était plus Fauteur favori de sa jeunesse ; les pensées du poète sont tournées ailleurs, vers d’autres maîtres : Éliézer est suivi de cinq Élégies, d’autant de fables, et de trois pièces de vers traduites.

Des rythmes à chaque instant défectueux, du décousu dans l’expression des pensées, des images exagérées et qui pourtant ravissent tellement l’auteur qu’il se croit obligé de les servir à plusieurs reprises, voilà de quoi se compose le recueil de 1832. Pas un seul morceau achevé ; que dis-je ? pas une dizaine de vers vraiment heureux ou seulement corrects.

Mais comment ne pas avoir quelque indulgence pour l’auteur ? Il n’avait guère eu de prédécesseurs dans l’histoire de la