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Berteaux dont l’illustration abondante est particulièrement soignée comme celle qui distingue cette précieuse collection des Villes d’art célèbres[1], laquelle vient encore de s’enrichir de Rouen[2], par M. Camille Enlart, Strasbourg[3], par M. Henri Welschinger, Versailles[4], par M. André Pératé, Moscou[5], par M. Louis Léger.

Avec une précision d’érudition qui ne laisse place à aucune obscurité, MM. Hoffbauer, Boni et H. Thédenat, qui poursuivent, d’après des documens authentiques, la restitution de Rome à travers les âges[6], nous montrent dans Le Forum romain et la Voie Sacrée[7] une Rome se ranimant à la clarté des récentes découvertes. Grâce aux exactes restitutions de M. Hoffbauer, et au lumineux commentaire de M. Thédenat, nous pouvons imaginer, dans le décor reconstitué des époques successives, toute la vie de Rome, voir les monumens du Forum, dont les aquarelles de M. Hoffbauer donnent l’illusion complète. Car ici les ruines n’ont pas seulement leur poésie. Non omnes perierunt ruinæ ; comme la statue colossale d’Aménophis III, elles aussi rendent des sons à la lumière. L’histoire antique et moderne du Capitole romain[8], par M. E. Rodocanachi, peut être rapprochée de celle du Forum. Mais si l’on veut avoir l’idée la plus précise qui soit de l’Italie d’hier comme de celle d’aujourd’hui, il faut faire le voyage en compagnie de M. P. Jousset, qui nous décrit l’Italie[9], tout ce qui fait sa gloire dans le passé et sa grandeur présente, dans ce magnifique ouvrage qui donne des pays et des hommes des images authentiques qui sont le meilleur commentaire du texte et le fixent à jamais dans la mémoire.

Au nombre des conteurs originaux et prime-sautiers, qui sont de tous les temps, il est peu de noms plus connus, plus aimés des enfans que celui de Jonathan Swift, ou plutôt de l’auteur de Gulliver[10], du doyen de la riche église de Saint-Patrick à Dublin, qui resta toujours un terrible homme, d’une nature positive, d’un orgueil surhumain, et incapable d’éprouver la moindre sympathie. Il est vrai qu’il vécut à une triste époque. Peut-être était-ce pour cela que la vie humaine n’apparut à ses yeux qu’une tragédie ridicule, le monde que bassesse, cruauté et sottise, un premier ministre qu’un ambitieux chez qui l’amour du pouvoir a étouffé tout autre sentiment. À ce point de vue, sa satire n’aurait pas beaucoup vieilli ; mais si la morale qu’on en peut tirer dépasse l’âge de la jeunesse, la fable d’invention géniale sous laquelle elle se cache fera toujours l’amusement des enfans, et

  1. Henri Laurens.
  2. Henri Laurens.
  3. Henri Laurens.
  4. Henri Laurens.
  5. Henri Laurens.
  6. Plon, Nourrit et Cie.
  7. Plon, Nourrit et Cie.
  8. Hachette.
  9. Larousse.
  10. Laurens.