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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 24.djvu/948

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Lilliput, Brobdignac, pays de fantaisie, exerceront toujours sur leur imagination un extraordinaire attrait de séduction, surtout quand ils retrouveront leurs habitans légendaires sous le crayon pittoresque de Robida, d’une verve qui ne s’est jamais surpassée et dont l’illustration en couleurs déroule sous nos yeux les spirituels, joyeux et philosophiques épisodes des aventures de Gulliver. Le même artiste ingénieux et toujours si fertile en trouvailles s’est chargé de mettre en scène les Contes Populaires[1], de Musæus, qui dérivent, de loin, des Contes de Perrault, pour ne pas remonter aux Mille et une Nuits, et où l’humoristique Allemand, presque aussi populaire en son pays que Wieland ou Hoffmann, évoque le monde mystérieux des elfes, des gnomes et des fées. Les Nouveaux Contes d’Andersen[2], traduits par M. E. Avenard et illustrés par le peintre danois Hans Tegner, prennent place ici tout naturellement, en même temps que Richard et Saladin tiré de Walter Scott[3], les Contes Merveilleux[4], de M. Jérôme Doucet, qui a su faire servir la science à rendre vraisemblables les choses qui le semblaient le moins.

Dans les romans, contes moraux et honnêtes où la moralité n’exclut pas l’agrément, nous n’avons pas besoin de faire ressortir ceux d’un écrivain dont les lecteurs de la Revue connaissent depuis longtemps les œuvres. Il suffit de signaler cette jolie édition illustrée de la Terre qui meurt[5], ce beau roman où M. René Bazin a retracé, avec un charme à la fois si naturel et si troublant, le déplorable exode du paysan vers la ville et sa désaffection pour la terre qui l’a vu naître.

On regrette, en lisant le joli récit de M. Georges Beaume, la Petite Princesse[6] que le rêve ne soit pas la réalité et que la récente tragédie de Cluses n’ait pas eu la même fin que celle qui dénoue ce roman, grâce aux deux idéales figures de jeunes filles, dont l’influence bienfaisante et la bonté si touchante ramènent aux sentimens de paix des hommes déjà entraînés dans les horreurs de la guerre sociale. Le Théâtre de la Primevère[7] où Guy Chantepleure promène sa fantaisie souriante ou mélancolique, mérite bien son titre, par sa grâce et sa fraîcheur printanières.

Dans la Terre sanglante[8], M. Jules Mazé a raconté quelques-uns des épisodes les plus tristes de l’Année terrible : Borny, Rezonville, Saint-Privat, Metz, ces noms qui sonnent comme un glas évoquent tous les dévouemens que fait naître l’amour de la patrie, tandis que l’émotion grandit au souvenir de la frontière violée, du drapeau vaincu, de

  1. Combet et Cie.
  2. Juven.
  3. Juven.
  4. Juven.
  5. Juven.
  6. Mame.
  7. Mame.
  8. Mame.