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le roman, Mrs Humphry Ward a su faire de ses beaux livres le point de départ de réformes précieuses dont les résultats seront plus durables que ne peut l’être même un éclatant succès littéraire. J’en citerai la preuve suivante.

Une invitation vient me chercher ainsi conçue :

Seulement Passmore Edwards :

Mrs Humphry Ward et le Warden vous prient d’assister à l’ouverture de l’école des vacances, le jeudi 28 juillet à 4 h. 45 de l’après-midi.

Ce settlement a treize ans d’existence, mais n’occupe que depuis six ans, en vertu d’un don magnifique de M. Passmore Edwards, les vastes bâtimens derrière lesquels s’étend le jardin du duc de Bedford ouvert généreusement toute l’année aux petits infirmes de la Cripple School, et, pendant le mois d’août, aux centaines d’écoliers en vacances. Le quartier où il est situé, Tavistock Place, n’a rien de sordide, tout au contraire, ce qui ne l’empêche pas d’être un centre de pauvreté. Il en est souvent ainsi à Londres ; les riches el les pauvres ne vivent pas comme chez nous à longue distance les uns des autres. Dans une belle rue bien habitée peuvent déboucher des rues très différentes, que les saloons, autrement dits estaminets, les étalages en plein vent, les boutiques de gin désignent comme peu respectables et où rôdent des tribus de petits « Arabes » aux farouches figures ornées de balafres ou d’un œil poché et toujours prêts à se battre comme de jeunes chiens.

J’arrive, longtemps avant l’heure, devant une grande et massive maison de brique rouge. Les architectes du Settlement ont fait preuve d’une entente parfaite de l’esprit et du but de l’œuvre. Il n’y a rien ni au dehors ni à l’intérieur qui puisse, par le contraste marqué avec leur misère, donner aux pauvres l’idée de ce qu’on appelle du luxe, mais tout est de nature à leur suggérer des notions d’ordre et de bon goût applicables à l’état le plus modeste. On passe librement la grille, qui précède une avenue plantée de beaux arbres. J’aperçois en entrant de grandes pièces où le soleil pénètre à travers les feuillages prochains. Une fête s’annonce, c’est-à-dire que beaucoup de fleurs sont artistement arrangées dans des vases en terre vernissée, harmonieux de forme et de couleur, et que beaucoup de chaises de paille paraissent attendre une assemblée considérable. Deux jeunes femmes, en toilettes claires, occupées, lorsque je me