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me paraissent moins expressifs en général que ceux de nos écoliers.

Un quart d’heure est consacré d’abord à la prière : récitation de « Notre Père, » chant d’un hymne, puis courte allocution d’un ministre appartenant indistinctement, selon le jour de la semaine, au clergé de telle ou telle église, église d’Angleterre ou églises libres. Rien ne marque peut-être mieux que ce mélange la différence des idées anglaises et françaises sur la question de culte.

Aussitôt après la prière, les classes commencent dans les diverses parties du seulement. Chaque leçon dure trente-cinq minutes, puis un coup de cloche appelle les élèves à d’autres travaux. Notre inspection se poursuit à travers les deux corps de bâtiment. Nous nous portons dans le salon où des petites filles chantent, gentiment groupées autour du piano qui les accompagne ; dans la bibliothèque où les livres d’images sont feuilletés, expliqués, commentés ; au gymnase où une jeune femme en costume court conduit des exercices que garçons et filles exécutent avec précision. C’est un amusant spectacle que celui de cette multitude de petits bras et de petites jambes qui suivent en cadence les mouvemens souples et rythmés de la brune gymnaste. A tous les étages du bâtiment neuf fonctionne un atelier, l’atelier de menuiserie pour les grands, l’atelier de vannerie, l’école de dessin où parfois des dispositions heureuses se manifestent, le Kindergarten où les tout petits s’essayent à l’habileté des doigts tandis qu’une maîtresse leur raconte des histoires. Dans le jardin, des fillettes entourent une grande table de couture pour poupées. La leçon de zoologie met les enfans en rapport avec une salamandre ; chacun veut toucher et observer de près la bête vivante. Échange de questions et d’explications bien dirigées par la jeune et ingénieuse pédagogue. A genoux sur le gazon, quelques petits bonshommes déjà graves tracent des cartes en relief avec du sable de diverses couleurs, copiant ainsi une esquisse de l’Inde accrochée à un arbre. L’Angleterre coloniale, l’Inde en sable jaune, et ses rivières en sable bleu, ses montagnes teintées de blanc neigeux au sommet, occupent les mains et absorbent l’imagination de tous ces petits habitans des allées sans prestige du West Corner ; quelques-uns attendent probablement avec impatience l’âge des lointaines aventures.

Le sable est une des ressources précieuses de l’endroit.