Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/509

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cavalerie. Il nous faudrait donc à la frontière 64 bataillons contre 127 bataillons allemands, 50 batteries contre 102, et 60 escadrons contre 234. Mais encore serait-il nécessaire que dans les bataillons, escadrons et batteries, nos effectifs fussent égaux à ceux des Allemands.

Un calcul qu’il est inutile de développer ici montre que si nos compagnies, escadrons et batteries, n’ont pas un fort noyau de rengagés, notre infanterie serait forcée de lutter initialement un contre trois dans les cas les plus favorables et un contre cinq lorsque les recrues ne sont pas encore en état de combattre. Pour parer à une situation aussi désastreuse, il serait indispensable que, dans les troupes chargées de garder la frontière, il y eût 60 rengagés par compagnie, 50 par escadron et 30 par batterie, ce qui nécessiterait environ 25 000 rengagés rien que pour les corps de couverture. Mais il est également nécessaire que, sans avoir besoin de mobiliser, les chefs de corps puissent rappeler directement les réservistes des deux dernières classes libérées au moyen d’ordres d’appel individuel. Ceci permettrait de compléter rapidement les effectifs.

Avec la loi de deux ans, le recrutement régional s’impose. Nous ne saurions trop insister sur ce point précédemment indiqué. Il est indispensable que le réserviste appartenant à l’une des dernières classes libérées revienne dans la compagnie, l’escadron ou la batterie, où il a accompli son temps de service. La cohésion des régimens est à ce prix. Il faut en outre renoncer au système de l’appel successif des classes d’après leur ancienneté et selon les besoins. A la frontière on devra faire rejoindre immédiatement, et incorporer aussitôt, tous les hommes encore soumis au service militaire, quel que soit leur âge. Sinon, ils seraient exposés, dans les territoires envahis, à être traités comme prisonniers de guerre. D’autre part, si, pour éviter cette éventualité, ils étaient ramenés en arrière sans être placés dans des corps organisés, leurs moyens d’existence ne seraient plus assurés et des désordres seraient à prévoir. Cette disposition des populations frontières offrirait en outre l’avantage de porter au pied de guerre très rapidement, non seulement les corps mais aussi les forts et les places de première ligne.

Les villages avoisinant les forts, aussitôt avertis que l’ennemi va franchir la frontière, enverraient tous les hommes encore soumis au service militaire, reprendre dans le fort, la place