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qu’ils occupaient lors de leur service actif, soit au titre de la garnison d’infanterie, soit de l’artillerie, du génie ou des services. Ces hommes se retrouveraient donc dans des locaux connus, où ils exerceraient des fonctions déjà remplies. Tout leur serait familier. Ils trouveraient sur place leurs effets et leurs armes. Les hommes en excédent seraient aussitôt formés en détachemens et conduits aux dépôts. Les garnisons seraient ainsi portées au pied de guerre en quelques heures et il n’est pas douteux que nos populations de l’Est puiseraient, dans une telle organisation, un sentiment de sécurité qu’elles sont loin d’avoir en ce moment.

S’étendre davantage sur ces questions entraînerait trop loin. Une loi des cadres adaptée à la situation morale et matérielle du pays ; une organisation rationnelle, fondée sur la confiance dans les organes directeurs et dans les organes transmetteurs ; des rengagemens de trois ans ouverts jusqu’à l’âge de vingt-sept ans, mais qui ne seraient pas renouvelables passé cet âge, afin d’éviter l’écueil des vieux soldats et des retraités : telles seraient les bases principales qui permettraient peut-être de conserver au pays une armée dans laquelle il pourra placer sa confiance. Mais nous ne devons pas perdre de vue que notre situation de puissance coloniale peut à chaque instant nous obliger à porter des forces importantes à l’extérieur, et que l’armée d’Afrique d’une part, l’armée coloniale de l’autre, sont à peine suffisantes à leur tâche actuelle. Il nous faudra donc organiser des troupes toujours prêtes à partir, composées de rengagés et de volontaires. Une division de trois brigades à deux régimens de quatre bataillons, pourvue d’artillerie, d’infanterie montée avec les services et le train nécessaires, paraît être actuellement une force nécessaire et suffisante.


En 1899, à Chicago, M. Roosevelt disait : « Daudet, dans un de ses livres puissans et mélancoliques, parle de « la peur de la maternité, » la terreur qui hante la jeune épousée du temps présent. Quand de tels mots peuvent être véridiquement écrits sur une nation, cette nation est pourrie jusqu’au cœur du cœur. Quand les hommes craignent le travail ou craignent la guerre juste, quand les femmes craignent la maternité, ils tremblent sur le bord de la damnation ; il serait bien qu’ils s’évanouissent de la surface de la terre, où ils sont de justes objets de mépris