Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/692

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les principaux foyers de la maladie se trouvent dans les régions de l’Ouest Africain, en Gambie, dans l’hinterland de Sierra-Leone, du Libéria, et de la Côte d’Ivoire. Dans toutes ces contrées, la maladie est endémique. Depuis deux ou trois ans, elle a pris beaucoup d’extension dans le Congo français et dans l’Etat Indépendant où elle a exercé de grands ravages. Il y a tel point par exemple au confluent de la rivière Kassaï et du Congo, où en 1902, en quelques mois, les deux tiers de la population adulte et la presque-totalité des enfans ont été enlevées par cette espèce de léthargie.

Entre les années 1896 et 1902, le fléau traversant l’Afrique centrale fut importé sur les rives du lac Victoria et jusque dans l’Est Africain Allemand. Il se répandit dans l’Ouganda qu’il a dévasté. On a pu craindre qu’il gagnât l’Egypte par la voie du Nil. L’étendue et la gravité de ce fléau ont appelé sur lui l’attention du monde entier. Les missions scientifiques ont redoublé d’efforts pour pénétrer la nature de la maladie et son mode de propagation.

Ces efforts ont été couronnés de succès. Un médecin italien, Aldo Castellani, a découvert en 1903 la cause du mal. C’est un trypanosome (Tryp. gambiense ou Castellanii) qui vit dans le sang du sujet atteint, d’où il passe ultérieurement dans le liquide cérébro-spinal qui baigne les ventricules du cerveau. À ces deux étapes du parasite correspondent deux périodes de la maladie. Au séjour dans le sang répond un premier stade, dont les symptômes, consistant en des poussées fébriles irrégulières, sont assez semblables aux accidens du paludisme. Au passage dans le liquide cérébral répondent les troubles nerveux, la somnolence, la léthargie, les accidens cataleptiques ou convulsifs de la seconde période.


L’importante découverte de Castellani, qui faisait de la maladie du sommeil une maladie à trypanosomes, fut bientôt confirmée par l’un des savans les plus versés dans ce genre d’études, par l’Anglais D. Bruce. Etudiant avec ses compagnons Nabarro et Greig l’épidémie de l’Ouganda, Bruce trouva que chez tous les indigènes atteints de la maladie du sommeil, le liquide cérébro-spinal, obtenu par ponction lombaire, contenait toujours des trypanosomes. La mission portugaise a obtenu des résultats analogues quoique moins constans. Il en a été de même de