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grave. Elle est d’un pronostic moins sévère que les précédentes : la mortalité est seulement de 12 pour 100. L’agent infectant est un trypanosome (tryp. Theileri). Il est inoculé de l’animal malade à l’animal sain par une espèce d’hippobosque commun dans ces contrées.


VII

On a constaté, dans ces dernières années, que non seulement les mammifères domestiques et sauvages, mais encore tous les vertébrés sont exposés à être infectés par les trypanosomes. On connaît ceux de beaucoup d’oiseaux, des tortues, des batraciens et des poissons, et même on les a connus avant ceux des animaux domestiques et de l’homme. Le premier de ces vermicules parasites a été rencontré, en effet, en 1841 dans le sang de la truite. Le second a été découvert en 1842 dans le sang de la grenouille par Gluge. C’est à propos de cet hématozoaire que le nom de trypanosome a été créé par un observateur, qui plus tard s’est consacré à la médecine pratique et qui a laissé à Paris une réputation d’originalité et de bizarrerie, le docteur Gruby. Le troisième exemplaire de cette curieuse classe de parasites a été découvert, en 1845, chez les rats et retrouvé, en 1877, chez les surmulots de Calcutta par Lewis. Il existe chez les rats sur tous les points du globe : il leur est spécial et, sauf le cobaye, il n’est inoculable à aucune autre espèce. Tous ces trypanosomes n’intéressaient que l’histoire naturelle, jusqu’au jour où il fut constaté que leurs similaires produisent, chez l’homme et les animaux domestiques, les épidémies les plus meurtrières. La médecine pratique s’est alors emparée de leur histoire et elle a profité largement des études désintéressées des naturalistes.


A. DASTRE.