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mixtes, fut l’un des conseillers de la section catholique ; mais lorsqu’en 1846 il fut enlevé par la mort, et que le chef de la section, Duesberg, fut nommé dans l’administration des finances, c’est à un catholique d’élite, Aulike, que passa la direction du bureau. On sait ce que sont les cartons d’un ministère, et comment un bureaucrate, selon ses propres dispositions, peut emprisonner et étouffer dans leurs arcanes les germes de conflits, ou bien au contraire les mûrir, et multiplier sans cesse des chicanes nouvelles : même aux heures difficiles, l’influence d’Aulike devait toujours maintenir, sur l’horizon des catholiques de Prusse, quelques traînées d’arc-en-ciel. On le verra, dans la suite, travailler à faire nommer, comme conseillers de la section, d’anciens parlementaires catholiques : il fera donner un poste à Linhoff, mais les susceptibilités ministérielles refuseront toujours d’adjoindre à Aulike, comme collaborateur, le célèbre Mallinckrodt, qui deviendra l’une des gloires du Centre.

En face de cet organe de pacification que Frédéric-Guillaume IV préposait aux choses d’Église, l’Église à son tour commençait à s’organiser pacifiquement. Avec ses évêques, dont les uns apparaissaient aux fidèles comme des esclaves, et dont les autres apparaissaient à l’État comme des rebelles, l’Église, la veille encore, présentait l’aspect ingrat d’une société désordonnée ; Geissel entreprit de l’unifier. Avant de grouper à Wurzbourg, en 1848, l’épiscopat allemand, Geissel eut souci de grouper l’épiscopat rhénan, et il y réussit. L’usage canonique, qui déférait au métropolitain le soin de consacrer ses suffragans, était tombé en désuétude : le nouveau prélat de Cologne le restaura, en présidant lui-même à l’installation du nouvel évêque de Trêves, Arnoldi. Les deux évêques prirent l’habitude, dans les circonstances graves, d’écrire collectivement au gouvernement prussien ; et lorsque entre eux et les autres suffragans des liens étroits se furent tressés, la province ecclésiastique de Cologne devint une sorte de personnalité officielle, faisant auprès du Roi des démarches officielles. De l’autre côté du royaume, Diepenbrock, prince-évêque de Breslau à partir de 1845, et ami personnel du Roi, correspondait avec Geissel : ils harmonisaient leurs volontés, et témoignaient par leur exemple qu’un épiscopat n’est vraiment fort que lorsque chaque évêque, bien loin de se désintéresser des affaires de ses voisins, se sent responsable en une certaine mesure des destinées universelles de l’Église et surveille,