Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/915

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui régleraient la question. Les prêtres du Wurtemberg, eux, firent synode à leur façon : ils se mirent deux cents, et formèrent une association, avec le mariage comme programme.

De longue date, un mouvement parallèle existait en faveur d’une liturgie allemande et de la simplification du culte. Le désir de complaire aux pouvoirs protestans avait induit beaucoup de prêtres, — Montalembert le constatait en ses voyages, — à supprimer « une ioule de cérémonies extérieures, d’usages touchans et antiques. » Mais cela ne suffisait pas aux réformistes radicaux, dont Wessenberg, Werkmeister et Winter étaient depuis longtemps les théoriciens écoutés ; et leurs aspirations s’étaient épanchées, sans réserve ni respect, dès 1826, dans un livre des frères Theiner. A la suite de ce livre, Schimonski, prince-évêque. de Breslau, reçut de ses prêtres une pétition qu’on répandit dans le public sous le titre significatif : Première victoire de la lumière sur les ténèbres dans l’Église catholique de Silésie ; et l’agitation devint si passionnée, que le président supérieur de la province, le cabinet de Berlin, et même, à Rome, le ministre Bunsen, la surveillèrent avec sollicitude. De leur côté, les prêtres badois, voisins de Constance, frôlés incessamment par les idées de Wessenberg, voulaient, eux aussi, innover : ils réclamaient le droit pour le fidèle de ne plus confesser ses péchés en détail, le droit pour les prêtres de confirmer, la limitation du nombre des fêtes, la suppression des confréries, la messe allemande. Un livre du doyen Mersy, d’Offenburg, intitulé : Des réformes sont-elles nécessaires ? avait, en 1832, été salué comme un manifeste ; et d’un peu partout, dans le grand-duché, on réclamait des synodes, pour l’élaboration de ces réformes.

C’est ainsi que les deux courans, dont l’un minait le célibat, dont l’autre bousculait la liturgie, confluaient en un courant synodal, qui mettait en péril la constitution même de l’Eglise. Hurter, de son évêché protestant de Schaffouse, voyait nettement ce danger : après une causerie qu’il eut en 1837 avec l’archevêque Demeter, de Fribourg, il écrivait :


Il n’y avait pas besoin d’un don de divination particulière pour voir qu’il ne s’agissait pas de synodes dans le sens de l’église catholique, tendant à raffermissement dans la foi, à l’union des docteurs et des pasteurs dans le devoir, au renouvellement de la discipline, à la suppression des abus, mais que ce dont il s’agissait, c’était d’introduire par contrebande, dans l’Église,