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gouvernement. Nous ne savons si M. Balfour s’y attendait ; mais le discours qu’il a mis dans la bouche du roi Edouard énumère un nombre de réformes propre à remplir une longue session, sinon même plusieurs. Ce programme n’annonce pas une dissolution prochaine. La première question qui s’est posée était précisément de savoir si la session nouvelle irait jusqu’à son terme normal, ou si elle serait brusquement interrompue par les élections. On disait, il n’y a pas longtemps encore, que M. Chamberlain était partisan de la dissolution, et cela pour des motifs que l’on donnait même assez volontiers : — il n’est plus jeune, il aspire à revenir au pouvoir le plus tôt possible, il n’espère pas que les élections donnent une majorité aux conservateurs, mais il compte que celle qu’elles donneront aux libéraux sera si faible qu’il faudra bientôt faire un second appel au pays ; et tout cela devant être long, il faut commencer tout de suite pour arriver plus vite au dénouement. — S’il est vrai que M. Chamberlain ait été un moment de cet avis, il en a changé pour des motifs encore ignorés, car il a donné son appui à M. Balfour.

Quant au programme ministériel, il peut se décomposer en deux parties : on croit que l’une ne soulèvera pas de grandes difficultés de la part de l’opposition, mais il n’en est pas de même de l’autre. La première comprend la loi sur les sans-travail, la création d’un ministère du Commerce et de l’Industrie, une loi sur l’éducation en Écosse et une autre sur les Églises. L’opposition libérale est favorable au principe de ces deux premières lois, et ne conteste pas la légitimité des deux autres. Mais viennent ensuite des questions auxquelles elle ne semble pas devoir faire le même accueil : la loi contre les immigrans qu’elle a déjà combattue une première fois ; la constitution du Transvaal, affaire compliquée ; enfin, et peut-être faudrait-il dire surtout la loi sur la redistribution des sièges parlementaires. Cette dernière loi aurait pour conséquence d’enlever quelques sièges aux Irlandais et de les attribuer aux conservateurs : aussi les libéraux peuvent-ils compter, en ce moment plus que jamais, sur la fidélité des Irlandais, et on n’a pas tardé à s’en apercevoir à la déclaration de guerre que ceux-ci ont adressée au gouvernement. Mais, avant d’en venir à la discussion de ce programme, la question fiscale devait se poser dans son rapport avec l’opportunité des élections prochaines. La question fiscale est, en langage parlementaire, celle des réformes douanières proposées par M. Chamberlain. L’opposition juge qu’elle est mûre et qu’il n’y a plus, pour la résoudre, qu’à la soumettre au pays. C’est ce que M. Asquith a indiqué dans un amendement qu’il