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mouvement synodal, allié tenace du schisme de Ronge, et complice fréquent de l’administration badoise dans ses luttes contre l’archevêché de Fribourg : il était à demi joséphiste, à demi radical, et, par-dessus tout cela, curé catholique. Il voulut élaborer une rédaction dans laquelle il exprimerait, tout à la fois, l’autonomie de l’Eglise en ce qui regarde ses propres affaires et la subordination de l’Église au législateur laïque. La formule était ainsi libellée :


Toute société religieuse ordonne et gouverne ses affaires avec autonomie, mais reste, comme toute autre société dans l’État, soumise aux lois de l’Etat.


Il y avait quelque équivoque dans ce texte ; la seconde phrase limitait jalousement la première ; les deux idées que le doyen Kuenzer avait voulu marier entre elles risquaient, dans la pratique, de se contredire et de se combattre, bien loin de s’harmoniser ; mais en votant cet article, le parlement de Francfort mettait un terme au système joséphiste, et fermait un chapitre d’histoire. On ne savait pas exactement, à la lueur confuse d’un pareil texte, ce que serait l’Église d’Allemagne, le lendemain et le surlendemain ; mais ce qui était devenu certain, c’est qu’elle ne ressemblerait pas à l’Église de la veille et de l’avant-veille ; et c’est que le vote émis à Francfort par la représentation du peuple allemand donnait une arme aux sacerdoces contre les tentatives d’immixtion des pouvoirs civils.

Les radicaux avaient à maintes reprises affirmé que l’émancipation des confessions religieuses devait avoir une rançon, et que c’est dans le domaine scolaire que cette rançon serait exigée. Ils firent comme ils l’avaient dit : en dépit d’un discours de Ketteler, 316 voix contre 74 dépouillèrent le clergé, « en tant que clergé, » du droit de surveiller l’école. Ils obtinrent une autre victoire, en faisant voter que Jésuites et Rédemptoristes demeureraient exclus d’Allemagne. Le général Radowitz, qui d’ailleurs représentait en cela l’opinion de la majorité de ses collègues catholiques, avait formellement déclaré, à la tribune, que tout en s’opposant à des mesures d’exception, il croirait devoir, par intérêt pour l’Église, combattre le rétablissement des Jésuites en Allemagne, si ce rétablissement était souhaité. Cette déclaration gênait et paralysait les avocats des Jésuites. Auguste Reichensperger, par un artifice parlementaire, put faire différer d’un mois