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de l’Eglise, et l’Église considérer ses droits fraîchement acquis, non point comme une barricade derrière laquelle se retrancheraient, avec une morgue altière, ses prérogatives de société parfaite, mais comme un tremplin sur lequel elle prendrait son élan pour se mêler plus intimement à la vie sociale.


Depuis le réveil de la conscience catholique en Allemagne, continue la préface, un nombre toujours croissant de laïques distingués et cultivés se sont dévoués de toute leur âme à la cause catholique. Mais, la plupart du temps ils se tenaient personnellement trop loin du peuple. Dans l’association, le peuple catholique apprendra à connaître ses hommes. C’est le vrai démocratisme chrétien.


Ainsi définissait-on, dans l’introduction à ce rapport officiel, l’esprit et l’importance de la jeune Association catholique allemande[1].


V

La première moitié d’octobre avait été marquée par les assises de la démocratie ; la hiérarchie ecclésiastique, dans la seconde quinzaine, eut à son tour les siennes.

Le converti Hurter, dès 1846, exprimait à l’évêque Weis, dans une lettre, le souhait de voir les évêques d’Allemagne se réunir et se concerter. Lennig à Mayence, Weis à Spire, Arnoldi à Trêves, Geissel à Cologne, aimaient et caressaient ce projet. L’exemple de la Belgique, volontiers allégué par les catholiques de l’époque, invitait l’épiscopat d’Allemagne à prendre conscience de lui-même, comme l’avait fait l’épiscopat belge.

Déjà d’ailleurs, Geissel, depuis qu’il dirigeait la province ecclésiastique de Prusse rhénane, avait l’habitude, en d’intimes réunions, de causer avec ses suffragans et de les faire causer entre eux : la plus importante se tint à Cologne, en mai 1848. Pourquoi les prélats d’Allemagne ne se rencontreraient-ils pas, comme se rencontraient déjà les prélats rhénans et westphaliens ? Les députés catholiques, à Francfort, éprouvaient le besoin de connaître, officieusement, l’opinion de leur Eglise, et

  1. Sur les Congrès successifs des catholiques allemands, qui se tiennent annuellement depuis cinquante-six ans, et dont l’assemblée de Mayence ouvrit avec éclat la série, nous avons, désormais, une excellente monographie d’ensemble due à la plume du curé May, et publiée sous le titre : Geschichte der Generalversammlungen der Katholiken Deutschlands, 1848-1902 (Cologne, Bachem, 1903).