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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/673

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comme des portraits des XVIIe et XVIIIe siècles et des statues du parc ; il semble qu’on ait systématiquement entrepris de ravir à Versailles, et les expositions universelles y ont beaucoup aidé, les plus célèbres de ces toiles et de ces statues, dont il ne serait que trop facile de dresser ici la liste, à commencer par le Sacre de David, l’Entrée des Croisés à Constantinople de Delacroix, et tant d’autres. Ce n’est point là, en tout cas, un tort imputable à Louis-Philippe qui, en résumé, doit garder, incontesté et incontestable, l’honneur d’avoir, au prix de beaucoup d’efforts et de grosses dépenses, en dépit de la réputation d’excessive économie qu’on lui prêta si généreusement, fait une œuvre qui, — malgré des fautes de goût, en partie réparables, — est digne d’être comptée parmi les meilleures et les plus honorables du XIXe siècle, ainsi que le prouve l’éclatant et durable succès qui n’a cessé de s’attacher à elle.


V

Lorsque le coup d’État de Décembre eut fait de Napoléon III l’empereur des Français, il ne négligea point de faire servir le musée créé par Louis-Philippe à la glorification des guerres de Crimée, d’Italie et du Mexique. Le nouveau souverain reçut à Versailles la reine d’Angleterre. Il y donna aussi une très belle fête en l’honneur du roi d’Espagne, François d’Assise, mari d’Isabelle IL Mais, pas plus que son onde, Napoléon III n’aima cette ville qui, à ses yeux, avait le tort de trop rappeler la dynastie déchue. Eût-il pu, cependant, pressentir que c’était là qu’apparaîtrait, dans tout son éclat, le châtiment des fautes qui amenèrent l’invasion, la ruine et le démembrement de la France ? Tel fut l’épilogue qu’inscrivit, dans les annales de Versailles, où tout naguère rappelait nos triomphes et où tout ne parla plus que de nos désastres, la fin du XIXe siècle.

Versailles avait connu les invasions de 1814 et de 1815 et, à ses portes, à Rocquencourt, au lendemain de Waterloo, Exe ! -mans avait remporté la dernière victoire française. Alors, toutefois, Versailles n’avait fait que partager le malheur du pays. Plus que toute autre fraction du territoire, il devait, en 1870, supporter le poids de l’invasion, lorsqu’il devint le quartier général du roi Guillaume. Dans un livre remarquable par sa rigoureuse exactitude et par l’intérêt qu’offrent pour l’histoire de la