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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/914

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C’est un âpre pays plein de périls sublimes.
Parfois, dans des sentiers qui traversent le mien,
J’y vois d’autres esprits de sommets en abîmes
Rechercher l’immuable Bien.

On ne sait pas qu’on est dans un grand labyrinthe
Où, lorsqu’il se croit loin parce qu’il se sent las,
Soudain le voyageur trébuche dans l’empreinte
Profonde de ses premiers pas.

Mais que me font à moi mes forces épuisées !
Je me repose alors dans l’amour que j’ai fui,
Car les chemins divers que suivent mes pensées
Me ramènent toujours à lui.


VIII


La lune ronde s’élève
A la cime d’un bouleau ;
Elle enveloppe de rêve
Le village au bord de l’eau.

Dans sa vapeur bleue et blanche
Parfois sonne un seau brillant
Qu’une forme vague penche
Sur le puits au treuil criant.

Un soc étincelant brise
L’ombre sous les marronniers.
Je respire dans la brise
L’odeur de foin des greniers.

Les bœufs qui rentrent de boire,
Enfin libres de leurs jougs,
Remplissent l’étable noire
De longs mugissemens doux.

Un volet qu’on ferme chante
Comme un grillon dans la nuit
A présent l’eau seule argenté
Le silence de son bruit.