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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/112

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soutenir la pâte encore molle, jusqu’à ce qu’elle se consolide en séchant, d’injecter de l’air comprimé dans le vase au moment où s’écoulait la solution aqueuse. Ce système, par pression interne, obligeait à tenir le moule clos et ne permettait pas de voir comment se comportait la pièce en œuvre. Maintenant on fait au contraire le vide tout autour du moule, dans un espace clos soumis à l’action d’une machine pneumatique, et la différence atmosphérique qui en résulte, entre le dedans aéré et le dehors privé d’air, suffit pour maintenir la pâte adhérente aux parois du moule, quelles que soient ses courbures, jusqu’à sa complète dessiccation. La faïence se coule comme la porcelaine, depuis l’invention, par un savant tchèque, du procédé consistant à additionner de silicate de soude la bouillie blanchâtre qui va prendre un corps.

Machines et coulages se sont tellement développés qu’il devient très difficile de trouver un ouvrier tourneur, capable de bien exécuter, avec le seul secours des mains, une pièce d’une certaine importance. Les derniers objets que l’on ait faits, que l’on fasse encore à la main, dans quelques ateliers, sont les pots de chambre et les soupières. À celles-ci trois hommes collaborent : un « presseur » fait le fond ; un tournasseur moule le haut sur mandrin ; un garnisseur prépare les anses et colle le pied. Le coulage comporte une fabrication intense ou du moins active, pour payer les moules coûteux et encombrans qu’il exige : grosse dépense dans une manufacture d’art comme Sèvres qui, depuis quelques années, abandonnant les anciens profils et les reproductions de l’argent et du bronze, a étudié plus de 140 modèles nouveaux, simples et purement « céramiques. » Le goût change souvent en fait de services de table, et peu de pièces jouissent d’une vogue aussi durable que la tasse à café cylindrique, dite « quarrée, » parce que sa hauteur est égale à son diamètre. Elle passe pour être de style Empire, mais fut créée sous Louis XV, en 1745, par le dessinateur Duplessis et a depuis résisté au temps et à la critique.

Les reliefs donnés aux assiettes par l’ « estèque, » ou calibre mécanique, les « coutures » des objets moulés, doivent, avant la cuisson, passer au « rachevage. » C’est là que l’on rebouche les trous produits dans la pâte par la sortie des bulles d’air, que l’on pose les becs de théière ou les anses de coupe. C’est là aussi que les « répareurs » font les retouches et assemblent les