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Né en 1825[1], de sang écossais, élevé dans une atmosphère de rigidité calviniste, Mackonochie était arrivé à Oxford, au commencement de 1845, à l’heure où la menace de la « sécession » de Newman jetait le désarroi dans l’école tractarienne. Toutefois, par besoin d’une foi solide, d’une piété active et intense, il ne tarda pas à subir l’influence de Marriott, ancien disciple de Newman, devenu le principal lieutenant de Pusey. Ordonné en 1849, ses premières charges l’avaient conduit d’abord à Westbury, ensuite à Wantage, foyer de High-churchism et siège de Tune des premières communautés de religieuses anglicanes. Mais il aspirait à une vie plus militante ; rêvant de missions, il entendit parler de l’apostolat tenté par les Ritualistes, à Londres, dans la misérable et populeuse paroisse de S. George in the East. Il y accourut en volontaire, au moment même où éclataient les émeutes de 1858, et s’y fit remarquer par l’énergie et l’efficacité de son zèle. Les personnages les plus éloignés de ses idées en rendaient témoignage. « Je n’ai pas un homme meilleur dans mon diocèse, » disait l’évêque Tait. Aussi, quand, en 1863, fut achevée, dans un autre quartier non moins déshérité de la grande ville, la belle église de S. Alban, Mackonochie fut appelé par le fondateur à en être le vicar.

Il se donna aussitôt à son nouveau troupeau, tout à tous, particulièrement aux plus misérables, secondé par de zélés collaborateurs avec lesquels il menait une sorte de vie de communauté. Les résultats qu’il obtint sur un terrain qui semblait très ingrat, frappèrent l’opinion. Non qu’il fût remarquable par sa culture littéraire, ou par son éloquence ; mais il avait l’ardeur et le dévouement d’un apôtre, en imposait par sa vie ascétique, désintéressée, volontairement sevrée de toutes jouissances. Sa qualité maîtresse était une volonté indomptable, une ténacité qui allait jusqu’à l’obstination. Que les autres l’approuvassent ou non, il ne s’en inquiétait nullement et allait droit devant lui, comme conduit par une idée fixe, sans se laisser détourner par aucun obstacle, troubler par aucune tempête, avec quelque chose de ce qui animait et soutenait autrefois, dans les combats, ses ancêtres des Highlands. Chez lui, l’esprit était plutôt un peu court et étroit, incapable d’entrer dans les vues d’autrui et de se rendre compte par où il pouvait errer. Il proclamait volontiers son

  1. Cf. passim, Alexander Heriot Mackonochie, A memoir.