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Il obtenait, sous ce rapport, des résultats qui donnaient, à son église une physionomie à part. On venait, d’assez loin, assister aux grand’messes chantées de S. Alban, et son confessionnal attirait de nombreux pénitens de toutes conditions. Il se souciait peu de ce que pouvaient en penser les autorités religieuses. Il avait fini par rétablir l’usage de l’onction pour les malades. « Mais, lui demandait-on à ce propos, où vous procurez-vous les saintes huiles qui doivent être bénies par un évêque ? — L’évêque faisant défaut, répondait-il, le devoir incombe au prêtre. » Et, tout en faisant cette réponse, il versait dans son flacon de poche, un peu de l’huile d’olive contenue dans une bouteille.

Dès le début, le rituel suivi à S. Alban avait suscité des plaintes et des réclamations de la part du fondateur de cette église. L’évêque de Londres, Tait, sollicité d’intervenir, adressa des représentations qu’il fit bienveillantes à cause de l’estime qu’il ne pouvait s’empêcher de ressentir pour l’œuvre de Mackonochie ; celui-ci répondit, sur un ton non moins amical, mais sans changer un iota à ses pratiques[1]. C’est alors, au cours de 1867, que la Church Association se décida à engager des poursuites[2]. Elle ne trouva, pour en assumer la responsabilité, aucun paroissien résidant, et dut se rabattre sur un M. Martin, non résidant, mais qui s’était intéressé autrefois aux écoles du quartier. L’évêque Tait, appelé à donner les « lettres de requête » qui saisissaient la Cour des Arches, ne le fit pas sans tristesse. « Voilà, dit-il, un homme qui fait la plus noble des œuvres dans la partie la plus dégradée de Londres, et cependant, je ne puis refuser mon assentiment aux poursuites engagées pour obtenir sa suspension[3]. » Le juge des Arches rendit sa sentence, le 28 mars 1868 : prenant un terme moyen, il déclarait l’illégalité de l’encensement, de l’élévation du Sacrement au-dessus de la tête du célébrant, du mélange de l’eau dans le calice durant le service, mais il admettait les cierges allumés ; quant à la génuflexion du célébrant, il ne la jugeait pas illégale et laissait la chose à la discrétion de l’évêque. Mackonochie se montra disposé à accepter cette décision, mais la

  1. A. H. Mackonochie, A memoir, p. 68 à 80, Life of Tait, t. I, p. 423 à 428.
  2. Sur ce procès et ceux qui devaient suivre, voir A. H. Mackonochie, A memoir, p. 138 et sq. Life of Tait, t. I, p. 428 et sq. Baylield, History of the English Church Union, passim.
  3. Memorials of dean Lake, p. 103.