Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dénoncé, jusque sur les murs de son quartier, comme « un prêtre démoralisateur, un émissaire astucieux de Rome, un traître à son Eglise, une honte pour l’Angleterre qui lui avait donné naissance, » vainement une bonne partie du public voyait-elle en lui une sorte de maniaque en état de rébellion obstinée, tout, poursuites, persécutions, monitoires, invectives, railleries, calomnies, impopularité, « glissait, a-t-on pu dire, sur cette robuste constitution, like uater off a duck’s back[1]. » Et, tout en faisant tête à l’attaque, il continuait son œuvre d’apostolat et de prière, aussi dévoué à ses ouailles, surtout aux plus misérables, aussi fervent dans ses exercices de piété. De se trouver en contradiction avec les autorités religieuses, particulièrement avec Tait, son évêque, il n’était pas un instant troublé. Répondant à une lettre de forme bienveillante que celui-ci lui avait adressée, il lui écrivait :


Le nouveau témoignage d’amitié que me donne Votre Seigneurie me rend très pénible de vous chagriner, en étant obligé d’agir suivant les convictions que je me suis faites, après pleine et soigneuse étude, sur l’enseignement de l’Église d’Angleterre, de l’Église catholique entière, et, par-dessus tout, de l’Évangile du Christ… J’ose penser que Votre Seigneurie est un des derniers hommes en Angleterre à désirer de me voir agir contrairement à mes convictions, ou cacher à ceux que j’ai charge d’enseigner, aucune partie de ce que je conçois être l’Évangile du Christ. Je ne puis pas ignorer que la pleine affirmation de ce que je suis convaincu être la vérité, peut m’attirer de sérieux inconvéniens, mais j’espère que le même Dieu qui m’a fait cette révélation, me portera, par sa grâce, à travers toutes les difficultés qu’il laissera surgir sur mon chemin[2].


Un autre procès retentissant de cette époque fut celui du Rev. Purchas, perpetual curate de S. Jame’s chapel à Brighton, auteur du Directorium anglicanum, sorte de manuel liturgique suivant les vues des Ritualistes les plus avancés. Cité en 1869, à raison des très nombreuses innovations cérémonielles qu’il avait introduites dans sa chapelle, il refusa de se défendre, en alléguant sa pauvreté et son état de maladie. Le juge n’en instruisit pas moins l’affaire et rendit sa décision, le 3 février 1870 ; il condamnait comme illégales vingt-neuf des pratiques incriminées, entre autres les processions, les lumières sur l’autel, l’encens,

  1. « Comme l’eau sur le dos d’un canard. » (A. H. Mackonochie, A memoir, p. 403-104.)
  2. Life of Tait, t. I, p. 434.