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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/278

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ne se lassent jamais d’appeler celle des pouvoirs publics, sur eux et sur leurs entreprises, à propos de traités de commerce et de tarifs de douanes. De là, doublant la série des enquêtes scientifiques ou académiques, une série d’enquêtes politiques ou administratives, parlementaires et extra-parlementaires : enquête locale de M. Dieudonné, préfet du Nord, en l’an IX (1804) ; enquêtes générales de 1829[1] ; de 1853[2] ; de 1870[3] ; enquête ouverte l’an dernier et qui n’est pas close encore ; dans l’intervalle, réunions, meetings, démarches, délibérations, protestations et réclamations, en sorte que, depuis cent ans, l’enquête a été permanente. Il n’y a qu’à se reconnaître, dans cette masse de documens, à en faire la critique, à en éliminer, autant qu’on le peut, le sentiment et l’intérêt, pour être renseigné à la fois sur la situation de l’industrie cotonnière et sur la condition des ouvriers de la filature et du tissage, par périodes chronologiques, aux différens échelons du temps, entre 1801 et 1905.


I

L’opération peut se définir ainsi : d’une livre de fibres dont la longueur varie entre 10 et 40 millimètres, offrant une résistance inégale, rugueuses et cassantes, extraire un fil de 200 ou 250, quelquefois de 400, et peut-être de 600 kilomètres de longueur, uni, uniformément résistant, aussi peu cassant que possible ; pour obtenir un fil de celle longueur, multiplier dix millions de fois par elle-même, et davantage, la longueur du brin, en additionnant les brins et comme en les fusionnant. Lorsque le célèbre Arkwright, ayant pris d’une main, entre le pouce et l’index fortement serrés, un flocon de coton, eut remarqué que si, avec les mêmes doigts de l’autre main, il tirait les filamens en plaçant la partie ôtée sur la partie restée, et s’il continuait ou recommençait à le faire plusieurs fois, de ces brins emmêlés et divergens, il formait à la fin un faisceau de brins bien redressés

  1. Rapport sur l’enquête relative à l’état actuel de l’industrie du coton en France, 1829 ; Paris, imprimerie de Selligne.
  2. Renseignemens pour servir à l’enquête ouverte le 12 décembre 1853 au ministère du Commerce, fournis par M. Henri Loyer, Archives du Comité des filateurs de coton ; Lille.
  3. La Commission fut nommée le 7 février 1870. L’enquête elle-même forme quatorze fascicules des Documens parlementaires, 1870.