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que nous appellerons l’usine A occupe en tout 405 > ouvriers et ouvrières. Le travail y est réparti en sept ateliers, qui correspondent aux opérations qu’on vient de décrire, et qui sont :

1° L’atelier des mélanges et des batteurs ;
2° — de la carderie ;
3° — des préparations ;
4° — des continus ;
5° — du dévidage et du doublage ;
6° — de l’encaissage et du paquetage ;
7° — des mécaniciens et des menuisiers.


Quatre de ces ateliers, les mélanges et les batteurs, avec la carderie, d’une part, et, d’autre part, l’encaissage et le paquetage, avec l’atelier des mécaniciens et des menuisiers, emploient des hommes et des jeunes gens : dans les trois autres, aux préparations, aux métiers continus, au dévidage et au doublage, ce sont des hommes et des jeunes filles.

Sur les 405 ouvriers et ouvrières de l’usine A, 233 jeunes hommes ou jeunes filles ont moins de dix-huit ans. Mais il paraît que, sauf pour les hommes chargés de la manutention ou du service des batteurs et des cardes, — et encore, pour ceux-là mêmes, l’effort n’aurait-il rien d’intensif, — en général, dans la filature, le travail n’exige point d’effort musculaire. C’est ce qui permet aux femmes, nous dit-on, de remplir aisément tous les postes sans qu’il y ait lieu de tenir compte de leur âge : il est rare pourtant qu’une ouvrière ait assez d’habileté professionnelle pour diriger un métier et travailler à la tâche avant quinze ans. Nous sommes, heureusement, loin du temps où l’on parlait sans rire, — ou sans pleurer, — de l’ « habileté professionnelle » d’un enfant de six ans[1] !

La journée de travail est de dix heures, durée légale pour les ateliers mixtes, c’est-à-dire pour les ateliers où travaillent à la fois des hommes, et des femmes ou des enfans. L’usine ouvre ses portes le matin, à six heures et demie ; elle les ferme le soir à six heures : il y a, dans l’intervalle, deux arrêts, l’un, de huit heures à huit heures et quart pour le petit déjeuner ; l’autre, de midi à une heure et quart pour le déjeuner, ou,

  1. Voyez Jules Houdoy, ouvr. cité. — Cf. Jules Simon, l’Ouvrier de huit ans.