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un accroissement de bien-être pour quelques-uns, pour tous une diminution de gêne ou de souffrance.

Ce n’est pas d’ailleurs l’unique amélioration que l’on puisse et l’on doive constater. D’autres, qui ne sont pas moins appréciables, ont découlé de la réduction du temps de travail ; de la protection légalement accordée aux enfans ; des perfectionnemens de la mécanique en général, et, en particulier, de la mécanique des métiers ; de la préoccupation plus grande de la sécurité et de l’hygiène. On ne connaît plus les journées de quinze et seize heures dont parlait Villermé, les journées de douze ou treize heures dont parlait Louis Reybaud. On ne voit plus (et il faut dire que personne ne souffrirait plus qu’on le vît) l’ouvrier de huit ans que connut Jules Simon, l’ouvrier de six ans, ou même de quatre ans et demi, que connut Villermé. On ne travaille plus dans les caves de Lille, et, chaque jour, l’air, la lumière, pénètrent à flots dans les ateliers. La machine est de moins en moins traîtresse, de plus en plus sûre, de plus en plus soumise. Le mieux n’est donc pas douteux : et si ce n’est pas encore tout à fait le bien, comme les patrons sont les premiers à le reconnaître, c’est du moins de quoi l’attendre, dans la paix, et n’en point désespérer.


CHARLES BENOIST.