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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/301

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LE MOUVEMENT RITUALISTE
DANS L’ÉGLISE ANGLICANE

III[1]
SUITE DE LA PERSÉCUTION


I

L’idée d’appeler le législateur à la rescousse, dans la bataille livrée au Ritualisme, n’était pas nouvelle chez les tenans du protestantisme anglican. Depuis plusieurs années, presque à chaque session, lord Shaftesbury, parfois appuyé plus ou moins ouvertement par le primat, avait présenté des bills dans ce sens, à la Chambre des lords, sans avoir jamais pu, il est vrai, les conduire à terme[2]. A la fin de 1873, la grande excitation des esprits ne donnait-elle pas plus de chances de réussir ? L’archevêque Tait le crut et n’hésita pas à se découvrir, en prenant lui-même l’initiative d’une proposition. Un autre fait était de nature à l’encourager ; la mort de Wilberforce, qui venait de succomber, le 19 juillet 1873, aux suites d’une chute de cheval, l’avait débarrassé de son plus puissant antagoniste au sein de l’épiscopat. Malgré sa faiblesse de caractère et l’aveuglement passionné de ses préventions antiromaines[3], l’ancien évêque

  1. Voyez la Revue des 15 avril et 1er mai.
  2. Life of Shaftesbury, p. 681 ; Life of Tait, t. II, p. 110 à 114, 188 et 189.
  3. Quatre jours avant sa mort, Wilberforce protestait encore, à la Chambre des lords, qu’il « haïssait et abhorrait la tentative faite de romaniser l’Église d’Angleterre. » Life of Wilberforce, t. III, p. 422.