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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/311

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mouvement, étaient notoirement des hommes de paille, étrangers à toute pratique religieuse, soudoyés par la Church Association pour tenir ce rôle, et prêts à y renoncer si on les eut payés davantage de l’autre part[1]. Le juge ne leur en donna pas moins raison sur tous les points, par décision rendue en lévrier 1876.

Le Rev. Ridsdale fit appel au Conseil privé, sur quatre points, dont deux surtout, l’eastward position et les vêtemens eucharistiques, paraissaient fort importans aux Ritualistes. Diverses circonstances leur faisaient espérer que la Cour suprême, dans sa composition nouvelle, reviendrait sur la jurisprudence appliquée dans l’affaire Purchas. Les débats commencèrent en janvier 1877 et durèrent longtemps. Les Ritualistes, aux écoutes de tout ce qui leur revenait sur les divisions des juges, étaient agités et anxieux. Pusey oubliait, une fois de plus, ses griefs contre les Ritualistes[2], pour ne voir que la menace dirigée contre la partie du cérémonial qui lui tenait le plus au cœur, parce qu’il y trouvait l’expression de la doctrine eucharistique, et il s’efforçait d’agir sur les juges pour prévenir une condamnation qui, disait-il, serait un « désastre national[3]. » Le 12 mai 1877, par un jugement très développé, dont la lecture ne dura pas moins de deux heures et demie, la Cour décida que l’eastward position n’était pas illicite, à la condition que les « actes manuels » du célébrant ne fussent pas invisibles à la congrégation, mais il rejeta l’appel sur tous les autres points Cette décision n’imposa pas la paix aux combattans. Dans les deux camps, on fut mécontent. Une pétition protestataire, lancée par les Ritualistes, fut signée par Pusey[4]. Le Rev. Ridsdale commença par annoncer l’intention de ne pas obéir ; une cour, sans autorité spirituelle, ne pouvait, disait-il, le dispenser d’observer les rubriques du Prayer book sur les ornemens : une telle dispense n’eût pu lui être accordée que par ses supérieurs ecclésiastiques. Tait, qui désirait avant tout en finir, se hâta de faire savoir au Rev. Ridsdale qu’il lui accordait la dispense dont sa conscience paraissait avoir besoin, et celui-ci consentit à cet

  1. History of the English Church Union, par Bayfied, p. 192.
  2. Pusey, peu auparavant, était à ce point offusqué de la conduite des Ritualistes, qu’il avait voulu donner sa démission de membre et de vice-président de l’English Church Union. — Life of Pusey, t. IV, p. 278 à 288.
  3. Ibid., p. 288, — Life of Tait, t. II. p. 291. — Memorials personal and political, par lord Selborne, t. I, p. 383 à 386.
  4. Life of Pusey, t. IV, p. 289-290.