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un mal[1]. » M. Gladstone, fort occupé des choses religieuses depuis qu’il était tombé du pouvoir, n’épuisait pas toute son ardeur à batailler contre le Vaticanism ; il se jetait aussi dans les controverses sur le Ritualisme, et publiait à ce propos, dans le Contemporary de juillet 1875, un article sous ce titre : « L’Eglise d’Angleterre vaut-elle d’être maintenue ? » Oui, répondait-il, mais à une condition, c’est que les opinions très diverses renfermées dans cette Eglise se supportent mutuellement, et il déclarait que la continuation des conflits intérieurs mettrait son existence en péril. Dans ses lettres infimes, il confessait plus ouvertement encore que « l’Etablissement n’était pas assez fort pour supporter une sécession sérieuse et une agitation parlementaire prolongée[2]. » Il inquiétait quelques-uns de ses amis, en leur laissant voir qu’il commençait à envisager cette éventualité du « desétablissement », et il déclarait que les récentes mesures du gouvernement conservateur, notamment le Public worship regulation Act, l’avaient avancée de dix ans[3]. Les dissidens, ennemis séculaires de l’Eglise d’Etat, se réjouissaient de voir que, jusque dans ses rangs, on commençait à parler de sa déchéance, et ils croyaient le moment venu d’y pousser de toutes leurs forces.


III

Les esprits étaient donc loin d’être apaisés quand, en juillet 1875, le P. W. R. A. commença à être appliqué et que le nouveau juge de première instance, désigné par les deux archevêques, lord Penzance, installa son tribunal au palais primatial de Lambeth. Il avait été auparavant juge de la Cour des Divorces : était-ce un titre à exercer cette juridiction ecclésiastique ? On ne tarda pas à lui donner de la besogne. Le premier inculpé fut le révérend Ridsdale, homme de grand zèle, titulaire de l’église S. Pierre à Folkestone. Il avait déjà eu maille à partir avec Tait, au sujet d’un chemin de croix et d’autres dévotions. Cette fois, il était accusé d’une douzaine d’infractions rituelles. Les trois paroissiens qui le poursuivaient, les Aggrieved parishioners, dont l’intervention était exigée pour mettre l’instance en

  1. 1er janvier 1875.
  2. Life of Gladstone, par Morley, t. II, p. 501-502.
  3. Memorials personal and political, par lord Selborne, t. I, p. 355 à 363.