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le Ritualisme signifie l’imposition de la confession habituelle avec toutes ses conséquences, M. Mackonochie et ses amis doivent partir, et il faut que l’Eglise établie rompe avec eux. Le Ritualisme, en tant qu’il est représenté par ces personnes, n’est rien moins qu’une conspiration contre les mœurs publiques. C’est un devoir, pour les amis de l’Église, de la délivrer d’un pareil poison.


La Convocation qui se réunissait peu après, en juillet 1877, fut naturellement saisie de la question. Tait profita de l’émotion régnante pour arracher à la Chambre basse de cette Convocation une adhésion, consentie de plus ou moins bon gré[1], à la déclaration votée, en 1873, par la Chambre épiscopale, sur la confession. Il fit en outre voter, à l’unanimité, par les évêques, un blâme à l’adresse de la Société de la Sainte-Croix et une « forte condamnation de toute doctrine ou pratique de la confession, rendant nécessaire ou utile un semblable livre. » En terminant le discours prononcé, à cette occasion, devant ses collègues, le primat exprimait sans doute le regret d’avoir à dénoncer des hommes dont il approuvait les vertus, mais il n’hésitait pas à qualifier leur conduite de « conspiration fomentée, dans le sein même de l’Eglise, contre sa doctrine, sa discipline et sa pratique[2]. » Cette accusation de « conspiration, » tombée de si haut, servit de mot d’ordre à la polémique. Sous ce titre : Ritualistic conspiracy, était publiée une brochure contenant les noms de tous les clergymen affiliés à la Société de la Sainte-Croix, à la Confrérie du Saint-Sacrement, ou ayant signé la pétition des 483 en 1873. Des mesures vexatoires étaient prises contre ceux de ces ecclésiastiques que l’autorité épiscopale pouvait atteindre.

Les Ritualistes ne laissaient pas que d’être un peu abasourdis et intimidés par la nature de l’accusation, par la violence et le nombre de leurs accusateurs. C’était d’ailleurs, pour eux, un sujet difficile à traiter devant le gros public et où la défense était moins aisée que l’attaque. Si les plus hardis, comme Mackonochie, avouaient hautement le livre dénoncé, d’autres jugeaient prudent de louvoyer un peu devant l’orage[3]. Tous du moins étaient profondément blessés de l’accusation outrageante du

  1. Life of Pusey, t. IV, p. 311.
  2. Life of Tait, t. II, p. 175 à 178. The secret History of the Oxford Movement, p. 110 à 116.
  3. The secret History of the Oxford Movement, p. 98 à 111, et 123 à 146.