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ne jugerait pas possible, dans l’intérêt de l’Eglise, de prévenir la décision imminente, par la résignation volontaire de son bénéfice. Moitié fatigue, moitié déférence envers l’archevêque malade avec lequel, en dépit des dissidences, il avait toujours entretenu des relations amicales, et qu’il crut être, en cette circonstance, l’interprète de la volonté divine, Mackonochie finit par se décider au sacrifice qu’on lui suggérait, et donna sa démission, le 1er décembre 1882. La séparation d’avec ceux auxquels il se dévouait, depuis près de vingt ans, fut, de part et d’autre, douloureuse. Il prit, pour sujet de son sermon d’adieu, la nécessité et la joie du sacrifice. Ses anciens paroissiens, voulant lui donner une marque tangible de leur reconnaissance et de leur attachement, lui remirent une adresse avec une somme de 45 000 francs. L’archevêque de Canterbury, l’évêque de Londres, beaucoup d’autres personnages ecclésiastiques lui adressèrent des félicitations émues[1].

Il avait été convenu avec l’archevêque de Canterbury et l’évêque de Londres, qu’en place de la cure qu’il abandonnait, le vicar démissionnaire en recevrait une autre, également située dans un quartier populaire de Londres, celle de S. Peter in Docks, où il avait fait ses premières armes, en 1858. Il y fut en effet nommé, en janvier 1883. Mais à peine en avait-il pris possession qu’il y fut relancé par ses implacables poursuivans qui se refusaient à ratifier les promesses épiscopales et qui n’admettaient pas qu’une démission et un changement de poste pussent leur soustraire une victime qu’ils étaient sur le point de frapper. Lord Penzance leur donna raison et décida, en juillet 1883, que « M. Mackonochie était privé de toutes ses promotions ecclésiastiques dans la province de Canterburv. » L’évêque, en conséquence, fit mettre sous séquestre les revenus de la cure de S. Peter. Mackonochie n’était plus de force à résister à un pareil coup. Aussi bien, le vrai sacrifice, pour lui, avait-il été de quitter S. Alban, et ne s’était-il remis que tristement à l’œuvre dans sa nouvelle paroisse. Ajoutons que celle-ci n’était pas en état de supporter la perte que lui causait le séquestre de ses revenus. Mackonochie déclara donc, le 31 décembre 1883, qu’il ne croyait pas « devoir plus longtemps appauvrir une paroisse, déjà trop appauvrie par les conditions où elle se

  1. Life of Tait, t. II, p. 473 à 480. A. H. Mackonochie, p. 249 à 265.