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trouvait, » et il résigna son bénéfice entièrement et sans réserve[1].

Après une lutte de seize années, Mackonochie était donc définitivement terrassé. Il succombait, non sans recevoir de nombreux témoignages de sympathie, même de ceux qui n’étaient pas de ses amis naturels[2]. Dans la façon dont il venait d’être frappé après sa démission, il y avait comme un mélange de cruauté et de traîtrise qui blessait la conscience publique. Le Saturday Review, qui n’avait cependant aucun lien avec les Ritualistes, déclarait que « c’était, pour le Public worship Act, une condamnation morale dont il ne se relèverait pas. » Mackonochie avait du reste cette consolation, que seule sa personne était vaincue, mais que le Ritualisme pour lequel il avait lutté, loin d’être abattu, était plus vivace que jamais, notamment dans son ancienne et chère église de S. Alban, et le Guardian exprimait un sentiment assez répandu, quand il disait, le 2 janvier 1884 :


Dans la retraite à laquelle il a été contraint d’une façon si cruelle et, après l’acte de l’archevêque, si inattendu, M. Mackonochie emportera le respect qui est dû à un homme qui fait un grand sacrifice. Quoique, dans la longue lutte que clôt cet événement, il ait été en réalité le vainqueur, il est le seul à ne recueillir aucun fruit de son succès. Les cours qui l’ont condamné voient, leur besogne finie : les congrégations qu’il a servies possèdent la liberté qui lui a été déniée. Le triomphe de la Church Association est strictement personnel. Ils ont réduit au silence un clergyman plein d’abnégation et dur au travail. Mais, en ce qui regarde la fin plus étendue pour laquelle la poursuite était intentée, ils n’ont rien gagné.


Tout en n’ayant plus de fonctions déterminées, Mackonochie essaya encore, pendant quelque temps, d’apporter, à ceux qui continuaient ses œuvres, un concours que sa fatigue croissante rendait de jour en jour plus restreint et plus intermittent. Dans les combats si rudes qu’il avait soutenus, le corps n’avait pas seul souffert ; il y avait eu aussi quelque chose de brisé dans l’intelligence qui, par momens, chancelait. En ses heures d’impuissance, il aimait à chercher du repos dans sa chère Écosse, auprès de son ami, l’évêque d’Argyll. Ce fut là que la mort vint le prendre. Le 13 décembre 1887, il était, suivant son habitude, parti en promenade, suivi des deux chiens de l’évêque qui lui étaient fort attachés. Comme il n’était pas rentré le soir, on se

  1. A. H. Mackonochie, p. 258 à 260, 266 à 2. 73. History of the E. C. U., p. 266, 267.
  2. A. H. Mackonochie, p. 270, 271.