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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/438

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sans se préoccuper désavantages qui pourraient en résulter pour les catholiques. Et ceux-ci, après quelques hésitations, s’unirent à leurs ennemis de la veille pour réclamer la responsabilité ministérielle, le rétablissement du jury, l’indépendance du pouvoir judiciaire, la liberté de la presse et, en général, toutes les institutions inhérentes au régime parlementaire largement el généreusement pratiqué.

« Dès cet instant, le grand parti national, le parti de l’Union était fondé… Toutes les aspirations et tous les vœux se confondaient dans la revendication de la liberté commune[1]. »

Deux ans plus tard, grâce à cette union, la Belgique s’affranchissait de la domination hollandaise.


II

Le gouvernement provisoire, qui prit la direction des affaires au lendemain de la révolution, décréta aussitôt la convocation d’un congrès national chargé de doter le pays d’institutions nouvelles ; mais, sans attendre la réunion de cette assemblée, il proclama l’indépendance réciproque de la religion et de l’Etat.

Animée des mêmes sentimens, la commission à laquelle le gouvernement provisoire confia le soin de préparer un projet de constitution, destiné à être soumis aux délibérations du futur congrès, y inscrivait la liberté absolue des cultes, mais en accordant au législateur le droit d’interdire leur exercice hors des temples lorsqu’ils troubleraient l’ordre public ; la liberté d’enseignement, sans enlever au pouvoir législatif le droit de prescrire les mesures de surveillance et de répression ; le droit d’association, sans toutefois accorder aux sociétés formées en vertu de ce droit le privilège de la personnification civile.

Le Congrès devait se montrer plus libéral encore.

Bien que disposant du vote de cent quarante-deux députés parmi les deux cents membres de cette assemblée, le parti catholique sut non seulement se montrer plus sage qu’en 1815, mais il donna, cette fois, l’exemple d’une modération remarquable, et même d’une extraordinaire impartialité.

« Oubliant, dit Thonissen, que le clergé formait jadis le premier ordre dans l’organisation politique de nos provinces, les

  1. Thonissen, p. XIII.