Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/437

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apporta à leurs consciences la promulgation du Concordat, qui pourtant ne leur garantissait point encore la liberté religieuse, liberté qu’allait tout d’abord leur accorder, sinon totalement, du moins dans une large mesure, le régime hollandais.

Mais enhardis par les dispositions bienveillantes du gouvernement des Pays-Bas, les catholiques, belges commirent alors la faute de se montrer trop exigeans. Espérant, après 1815, un retour pur et simple à l’ancien régime, les évêques réclamèrent pour les catholiques « le monopole de la liberté religieuse, l’exclusion des dissidens des emplois publics en rapport direct avec le culte, la proscription de la liberté de la presse, l’entrée du clergé dans les assemblées nationales et provinciales à titre d’Ordre reconnu dans l’Etat, une dotation fixe pour l’Eglise et la direction souveraine de l’instruction publique[1]. » A leur suite les chefs du parti catholique repoussèrent, comme attentatoire aux droits de l’Eglise, la loi fondamentale des Pays-Bas, sorte de charte constitutionnelle octroyée par Guillaume Ier à ses sujets.

Les libéraux, voyant leurs adversaires revendiquer ces privilèges surannés, adhérèrent au contraire à la loi fondamentale, n’hésitant point ; ainsi à soutenir le gouvernement hollandais, allant même jusqu’à donner leur assentiment « aux mesures les plus arbitraires, aux actes les plus despotiques, aussitôt que, de près ou de loin, ils tendaient à restreindre l’influence ou l’autorité de la hiérarchie catholique[2]. »

Fort de cet appui, le cabinet néerlandais remit bientôt en vigueur non seulement le Concordat français subordonnant l’Eglise à l’Etat ; mais aussi les articles organiques de la loi du 18 germinal an X, assujettissant aux règlemens de police l’exercice public du culte.

« Ces inconséquences et ces contradictions eurent un terme en 1828, écrit Thonissen dans la préface de son savant ouvrage sur la Constitution belge. Libéraux et catholiques finirent par comprendre que ces luttes stériles ne produisaient d’autre résultat que l’affaiblissement des uns et des autres au profit des Hollandais et au détriment des Belges.

« Les chefs des libéraux acceptèrent sans, réserve la liberté des cultes, la liberté d’enseignement, la liberté d’association,

  1. J. -J. Thonissen, la Constitution belge annotée, p. XI.
  2. Ibid., p. XI.