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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/548

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défaut, le choix de Villars eût été meilleur ; mais, en soi, celui d’Harcourt n’était pas mauvais. Habile diplomate, d’Harcourt était également bon militaire, bien qu’il n’eût pas encore trouvé l’occasion de se signaler par quelque succès. De plus, il avait de la souplesse dans le caractère, et l’on pouvait être assuré qu’il s’accommoderait de l’autorité personnelle du Duc de Bourgogne, comme, durant la campagne de 1708, s’en était accommodé Boufflers. Harcourt prit même à l’avance la précaution de s’assurer les bonnes grâces de la Duchesse de Bourgogne. À peine désigné pour ce commandement, le Duc de Bourgogne s’était mis à travailler avec lui. « En rusé compagnon, dit Saint-Simon qui ne l’aime pas, Harcourt alla plus loin. Il proposa au jeune prince que Mme la Duchesse de Bourgogne fût présente à leur travail et les charma tous deux de la sorte. Il avoit réservé les choses principales pour les déployer devant elle. Finement il la consulta, admira tout ce qu’elle dit, le fit valoir à Mgr le Duc de Bourgogne, allongea la séance et y mit tout son esprit à étaler dextrement sa capacité pour leur en donner grande idée et à persuader la princesse de son plus respectueux attachement. Elle en fut flattée… Elle étoit fort sensible à se voir ménagée et recherchée par les personnages[1]. »

Le choix d’Harcourt et même celui du Duc de Bourgogne ne furent cependant pas approuvés de tous. Une chanson, qui courut sous main représentait Mme de Maintenon, « après son oraison, » tirant au sort dans un chapeau le nom des généraux, et celui des princes auxquels ils seraient associés. Voici le couplet qui concernait le Duc de Bourgogne et Harcourt :


Harcourt arriva le premier
En nommant l’Allemagne,
Et le prince qui fut tiré
Pour la mesme campagne,
Ce fut le fameux Bourguignon
La faridondaine, la faridondon,
La terreur de nos ennemis,
Biribi,
À la façon de Barbari,
Mon ami[2].


Tant d’application de la part du Duc et de la Duchesse de

  1. Saint-Simon. Édition Boislisle, t. XVII, p. 385.
  2. Recueil Clérembault, Fonds Français 2694, p. 369.