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controverses religieuses. Je pourrais condamner M. Tooth autant que vous. Mais je dois auparavant condamner encore plus fortement de plus grands personnages que M. Tooth[1].


En avril 1877, au lendemain de l’emprisonnement du Rev. Tooth, et à la veille du jugement de la Cour suprême dans l’affaire Ridsdale, Church prenait l’initiative d’une déclaration signée par environ quatre-vingts clergymen importans et adressée au primat et à ses collègues du Bench, « pour leur exprimer la grande anxiété et détresse qu’ils éprouvaient à la vue de la situation présente des affaires. » A leur avis, le mal ne serait guéri que par la « voix vivante de l’Eglise, » et toute cette suite de procès ne pouvait que l’empirer[2]. Dans son inquiétude, Church en venait à se demander si l’on n’allait pas droit au « désétablissement. » « Vous ne pouvez pas, écrivait-il à un ami, être plus effrayé que je ne le suis du désétablissement… Mais le premier pas a été fait, quand l’archevêque a invoqué l’aide du Parlement, afin d’avoir raison de disputes, pour l’apaisement desquelles on aurait dû s’en remettre au temps, à la patience, aux sages influences. Ma seule crainte est qu’il ne soit trop tard pour défaire le mal qui a été fait[3]. »

Les années s’écoulaient, et loin de découvrir des signes d’apaisement, Church n’entendait parler que de nouveaux procès. Il lui semblait qu’un vent de folie avait passé sur toutes les têtes, et il ne voyait, autour de lui, que confusion et violence. Il ne se lassait pas d’y opposer son appel à la paix et à la tolérance, soit dans sa correspondance privée[4], soit dans une lettre publique, adressée au Times, le 16 décembre 1880[5], soit enfin, au commencement de 1881, dans une nouvelle adresse au primat, bientôt signée par près de cinq mille clergymen[6]. La signature de cette adresse lui fut l’occasion de faire, sur l’état d’esprit du clergé, des observations qu’il résumait ainsi dans une lettre, en date du 30 janvier 1881 :


On ne sait pas à quel point la situation est scabreuse, mais elle l’est. J’ai été surpris de voir jusqu’où l’indignation et l’inquiétude ont pénétré

  1. Lettre du 5 janvier 1877. (Ibid., p. 252 à 254.)
  2. Life of Tait, t. II, p. 288 à 290.
  3. Life and letters of Dean Church. p. 256.
  4. Ibid., p. 261, 262, 281.
  5. Ibid., p. 281.
  6. Life of Tait, t. II, p. 425 à 426.