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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/579

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dans le clergé. Je suis tout à fait sûr que si un homme, ayant un nom, avait mis en avant une déclaration, donnant comme mot d’ordre de ne reconnaître, dans aucun cas, lord Penzance ou les décisions du Conseil privé, cela aurait du coup attiré des signatures plus nombreuses et plus enthousiastes que notre papier. Il y a trois semaines, le seul fait de lever le doigt aurait été presque un signal de révolte. Les gens signent notre papier, faute de quelque chose de plus fort[1].


Church avait un sentiment si vif de la gravité du péril, qu’il s’était un moment demandé s’il ne devait pas, en signe d’avertissement à l’opinion et de protestation contre la prolongation d’un tel état de choses, résigner ses hautes fonctions ecclésiastiques. Pour décider de ce cas de conscience, il s’était adressé au Rev. Talbot, warden de Kehle College à Oxford, qui, disait-il, « représentait mieux sa façon de voir les choses que les esprits échauffés et désespérés » qu’il rencontrait autour de lui, à Londres. Sa « perplexité » était grande et les motifs qu’il en donnait sont intéressans à connaître, à la fois pour mieux pénétrer cette âme si délicate, et pour montrer quelle impression lui faisait la situation des choses religieuses. Il avait donc écrit au Rev. Talbot, le 18 mai 1877 :


Rien de ce qui est arrivé n’a ébranlé, et je ne pense pas que rien de la même sorte puisse ébranler ma foi dans la présente Église d’Angleterre. Elle a beaucoup de défauts et d’anomalies, mais il en est de même de toutes les Églises que je connais ou dont j’ai entendu parler. Et il y a, en elle, une vigueur, un pouvoir de guérison, un attachement croissant à ce qui est bon et vrai, que je ne vois nulle part ailleurs. Mais la question est de savoir ce que les individus doivent faire, quand, soit dans une Église, soit dans une nation, il leur semble que la politique, délibérément suivie par ceux qui sont au pouvoir, est injuste, abusive et inconstitutionnelle. S’ils n’ont aucune position spéciale, ils peuvent murmurer, protester et attendre de meilleurs temps. Mais s’ils sont à une place d’honneur et d’émolument, où cependant ils ne peuvent rien faire, et où ils peuvent être tentés de se taire et d’acquiescer par des motifs privés, la soumission et l’attente ne sont plus des devoirs aussi clairs. S’ils ne peuvent empêcher le mal, ils doivent au moins résigner leur fonction.

Je ne puis m’empêcher de croire que la conduite de ceux qui gouvernent l’Église d’Angleterre est bien la politique que je viens de décrire. Les évêques, effrayés par un mouvement qu’ils n’ont pas cherché à comprendre et à gouverner, ont encouragé des appels à la loi. Les cours de justice ont rudement essayé de maintenir l’usage existant. L’archevêque a aggravé le mal, en agitant le pays par une mesure destinée à faciliter l’opération de ce

  1. Life and letters of Dean Church, p. 287.