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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/598

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trompait et prenait une de leurs églises pour une église catholique romaine[1] ; jamais plus désolés que quand ils étaient obligés de confesser ce qui manquait encore pour qu’il y eût ressemblance complète. « Laissez-moi le dire, déclarait lord Halifax, quoique je ne le dise qu’avec honte, de tous les. spectacles tristes et décourageans, je n’en connais pas d’aussi triste et d’aussi décourageant que celui d’une cathédrale anglaise, même la meilleure, après qu’on a passé quelque temps sur le continent[2]. » Et il était entendu qu’on ne visait pas seulement à une similitude de formes extérieures, mais à une similitude de dévotions, de doctrines, de croyances. Le Rev. Coles, depuis placé à la tête de Pusey House, à Oxford, définissait ainsi, en 1891, le but auquel tendait l’English Church Union :


Que l’ineffable mystère de l’Autel soit reconnu comme une Divine communion, un vrai sacrifice, une Présence réelle demandant une adoration spéciale ; que, pour la préparation de la communion,… il soit fait un usage plus fréquent de la confession privée ; que l’ancienne règle catholique du jeûne pour la communion soit mieux observée ; que l’onction des malades soit dûment et exactement rétablie ; que tous les rites et cérémonies qui témoignent de notre union avec le reste de l’Église catholique et des doctrines que nous professons en commun, soient protégés et restaurés[3].


Des associations, des confréries se multipliaient, pour cultiver toutes les formes de la piété catholique, telle the Guild of ail Souls, en vue de prier pour les morts[4]. Les livres de prières, les manuels, les catéchismes étaient presque identiques aux ouvrages similaires en usage chez nous[5]. Il n’y avait guère de différence que pour ce qui regardait le Pape ; encore quelques-uns reconnaissaient-ils sa primauté d’honneur ou même sa suprématie. On aspirait ouvertement au jour où cesserait la malheureuse division de la Chrétienté et où l’Église d’Angleterre se trouverait de nouveau réunie à l’Église romaine. Lord Halifax croyait même, en 1895, l’heure venue de réaliser cette union en corps, « corporate union. » On sait les espérances que

  1. City of Peace, p. 24.
  2. The Lord’s Day and the Holy Eucharist, p. 38.
  3. Cité par the Secret History of the Oxford Movement, p. 338.
  4. Voyez ce que the Secret History rapporte à ce sujet, avec indignation, p. 227 et sq.
  5. Voyez, par exemple, un petit livre fort répandu, dont la première édition a paru en 1893 : The catholic Religion, a manual of instruction for members of the Anglican Chwch, par the Rev. Vernon Staley, avec une préface par le Rev. Carter.