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de M. Willaert, de M. Gilsoul, attirent aussi le passant peu soucieux des signatures et uniquement curieux d’impressions.

Au Salon de l’avenue Nicolas II, il en va de même. Le morceau de peinture le plus vigoureux est, sans aucun doute, salle 2, celui d’un étranger, M. Sorolla y Bastida. Des bœufs dans la mer, des voiles, un coucher de soleil en font le sujet le moins intelligible, mais aussi la joie la plus vive des yeux qu’il soit donné, ici, de ressentir. Plus loin, salle 31, si l’on s’approche d’un beau portrait de vieillard, sir Samuel Montagu, on s’aperçoit qu’il est signé d’Orchardson, ou d’un beau portrait de femme (n° 1 596), salle 7, qu’il est signé Lee Greene Richards. Un effet de neige extrêmement saisissant, une maison abandonnée, close, avec les restes d’une cérémonie funèbre sur le seuil, un voyageur qui s’appuie contre un arbre et n’ose avancer, salle 11, (n° 1 751), avec ce titre : Trop tard ! est encore d’un étranger M. Spenlove-Spenlove. Deux subtiles « harmonies » en tons sourds, l’une intitulée le Goûter et l’autre la Toilette (n° 1351), salle 22, pourraient être dues à quelque jeune Français, mais elles ne le sont pas, et l’auteur en est un Américain. M. Miller. C’est M. Feihner, de Berlin, qui a peint le beau portrait d’homme Wilhelm Raabe, dans la manière d’Israels, salle 27 (n° 708). C’est M. Oswald Birley qui a peint le beau portrait de femme en noir, avec un petit chien exposé salle 6 sous le n° 177. Et MM. Boggs et Csok, qui ont envoyé des toiles intéressantes, une vue de la Seine (n° 197), salle 16, et Coin d’atelier, salle 22, sont encore des étrangers. Étranger, aussi, M. Stockdale, l’auteur du magnifique Lord chef de la Justice d’Angleterre, figuré à sa table de travail, parmi ses paperasses. On ne voit guère, parmi les Français, que le portrait de M. Ribot par M. Gabriel Ferrier et celui du vieux maître Hébert par M. Aimé Morot, qu’on puisse leur opposer.

Tout aussi décisif est le progrès des femmes peintres. Non qu’elles fassent oublier ni Marie Bashkirtseff, ni Rosa Bonheur. Mais l’ensemble de leurs envois est, chaque année, supérieur à ce qu’il était l’année précédente, et les faiblesses techniques ou les défauts de personnalité qui décelaient autrefois, si sûrement, leur peinture, disparaissent ; de telle sorte que les reconnaître à première vue devient chaque jour plus difficile. On admire toujours, avenue d’Antin, salle I, les portraits de Mlle Delasalle. On trouve, sur l’escalier nord, une tête peinte avec une franchise