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et une adresse infinies, intitulée Nanette riant (n° 703), par Mlle Kibbey, et aussi une très harmonieuse impression de jour et de lumière par Mlle Sands, intitulée Femme au lit. Mme Marie Duhem continue à traduire très personnellement des impressions justes : Soleil couchant sur la maison (n° 440). Pareillement Mme Alfassa, en peignant la Console, et Mlle Powers, en peignant les oranges, Valence ! et, si nous passons au salon de l’avenue Nicolas II, salle 11, Mme Bourrillon-Tournay, avec son portrait de Mme P…, Mlle Smith avec sa Bretonne, Mlle Sédillot avec son portrait du général Percin, et Mlle Chauchet, salle 16, avec le portrait de Sa grand’mère, ont montré des qualités d’artiste qui n’ont rien d’expressément féminin, mais qui n’en sont pas moins agréables et adroitement déployées.

Lorsqu’on a noté cette conquête du Salon par les Étrangers et les Femmes, on a noté tout ce que contiennent de neuf et de suggestif les salles de peinture. Descendons, maintenant, parmi les sculpteurs.

Quand on entre dans le grand hall, avenue Nicolas II, où des centaines de statues faites pour humaniser des solitudes se confondent dans un indiscernable enchevêtrement de lignes, et gesticulent sans aucun égard à leurs attitudes réciproques, il semble qu’on entre dans une assemblée où tout le monde parlerait à la fois. Et cela rend le regardant très injuste. Mais, s’il s’applique à dégager par l’imagination et par quelque ingéniosité dans le point de vue la valeur propre et la silhouette de chaque figure et si, faisant un travail inverse de celui du jury, il parvient à isoler ce que l’Art n’a pas uni, peut-être jugera-t-il que quelques-unes de ces œuvres méritaient, en vérité, d’être créées pour la joie des âmes artistes et pour l’honneur de l’art français. Telles sont, par exemple, l’admirable Danse sacrée de M. Ségoffin, la gracieuse et harmonieuse Biblis pleure de M. Jean Camus, la Consolation de M. David et l’Été de M. Hippolyte Lefebvre. D’autres encore : le Baiser à la source de M. Couteilhas, le Rhône et la Saône de M. Vermare, les Mystères douloureux. Et Demain ? de M. Alaphilippe, Ceux qui restent, de M. Marquet, Orpheline de M. Robert-Champigny, Tendresse humaine de M. Vital-Cornu, et Prière, de M. Barthe, retiennent l’attention de tous ceux qui sont capables de sentir profondément l’éloquence d’un geste ou le charme d’une expression, et il y a, encore, çà et là, parmi les centaines de bustes où éclatent la raideur, la laideur et la