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transcrit M. A. Cérésole[1], nous montre qu’en 1860 déjà, cette parade avait le caractère qu’elle a toujours conservé : celui de représenter les travaux champêtres de l’année par des chants, des danses, des symboles. Les deux meilleurs vignerons marchaient couronnés en tête du cortège ; les membres portaient leurs costumes habituels, un peu arrangés sans doute et embellis pour la circonstance, c’est-à-dire, pour les chefs, « l’habit vert, veste et culotte blanches, chapeau de paille orné, une écharpe blanche, un-baril en guise de gibecière et, à la main, un bâton vert au bout duquel est le couteau courbe (serpette) dont on se sert pour tailler la vigne ; » pour les soldats, l’uniforme blanc, avec « le baril, le chapeau de paille, un foussoir sur l’épaule. » Le cortège comprenait les images de Cérès, de Bacchus et de saint Urbain, le drapeau de la Confrérie, quelques musiciens, des maréchaux qui réparaient les foussoirs, un crieur qui jouait avec des cliens supposés la comédie de leur vendre du vin, le char de la vendange, etc. Avec le temps, les images des principaux personnages furent remplacées par des figurans authentiques : en 1730, un jeune garçon représente Bacchus ; en 1747, un jeune homme, — garçon boucher de son état, — représente Cérès ; en 1743, Silène fait son apparition dans le cortège, — dont il devait devenir une des figures des plus populaires, — avec les faunes, les bacchantes, les moissonneurs, les moissonneuses ; on s’arrête à diverses stations, pour exécuter des danses ; les attributs prennent plus d’importance : ainsi, l’on dépense la somme de sept francs pour acheter une « grappe de Chanaan, » dont on compte bien se servir une autre fois[2]. — Le Mémoire qui nous sert de (il conducteur insiste, en terminant, sur la part d’utilité que peut avoir une telle fête, comme si ses rédacteurs craignaient ; qu’elle ne déplût à Leurs Excellences :

« Les cultivateurs qui se sont distingués, y peut-on lire, marchent à la tête de cette Parade dans une espèce de triomphe et sont invités au Dîné, de la part de la Société avec ceux qui en ont fait le principal ornement ; ce Dîné n’est que d’usage et par souscription, vu que cette Société n’a pas de fonds pour le rendre général et périodique. C’est ce même manque de fonds qui a empêché le Conseil de cette confrérie de parvenir au but désiré depuis bien des années, qui serait de donner des primes aux

  1. Ouvrage cité, p. 52-54.
  2. De Mellet, ouvrage cité, p. 12-13.