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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/653

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pour les rappeler au connétable, qui, « à cause du chômage d’une partie de sa redevance, » aura « à en dédommager la Société de ce qu’il croira être redevable envers elle[1]. » La Confrérie, malgré l’état précaire de ses finances, n’en aura pas moins à participer à l’emprunt forcé ; et dès que des souffles pacifiques traverseront l’air orageux, elle essayera de se réorganiser en adoptant un nouveau règlement[2].

En 1816, aussitôt la paix rétablie, la population veveysanne songe à restaurer la fête abandonnée. Mais les temps sont durs, les vivres chers, les impôts lourds ; le Conseil donc, « considérant… le peu d’effet qu’a produit la paix sur toutes les affaires, en général[3], » décide de n’en pas soumettre la proposition à l’assemblée générale ; en revanche, à la fin de cette année où la disette s’aggrave, le même Conseil propose à la Confrérie de concourir pour une somme de 2 000 francs aux achats de blé que le gouvernement fait à l’étranger, puisque, dit-il, « notre Société mieux que d’autres peut faire un sacrifice, parce qu’elle n’est point appelée à faire chaque année une dépense qui absorbe ses revenus, la fête seule, qui les emploie, n’a pas eu lieu depuis dix-neuf ans[4]. »

Mais en 1819, les conditions d’existence étant décidément meilleures, les membres de la Confrérie adressent au Conseil, dès le commencement de l’année, une pétition pour demander le rétablissement de la fête. Les avis se partagent : les uns, les pessimistes, soutiennent que si l’année écoulée a été propice, elle n’a cependant pas suffi à « relever tant de gens qui ont souffert et souffrent encore[5] » des guerres prolongées et de la disette ; les autres, plus confians, répondent qu’au contraire, « après vingt et quelques années de révolutions, de guerres, de misère, il faut profiter des temps heureux pour se féliciter de la paix dont nous jouissons[6]. » Ceux-ci l’emportent devant l’assemblée, à la majorité de 108 voix contre 7[7]. Et bientôt on s’occupe des plans, dans la volonté de donner à la fête un éclat particulier. Dès le 19 avril, on en fixe la date au 5 août ; en même temps, on décide d’en faire une publication solennelle le 18 mai, et l’on adopte un plan général que présente le conseiller Walther. Certains traits, pendant la préparation,

  1. Manual, 3 nov. 1804.
  2. Id., il août 1811.
  3. Id., 8 avril 1816.
  4. Id., 24 sept. 1816.
  5. Id., 15 janvier 1819.
  6. Id., ibid.
  7. Id., 21 janvier.