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LES VILLES AFRICAINES

I

Ce sont les cités antiques de l’Afrique impériale et latine.

Les unes sont bien mortes, et pour toujours sans doute ! Les autres sont endormies. Celles-là, en revanche, commencent à sortir de leur sommeil millénaire : à la fois très jeunes et très anciennes, elles rentrent joyeusement dans la vie moderne, avec la couronne de leur glorieux passé. Mais, toutes, elles ont leurs souvenirs et leurs ruines !

Ces souvenirs, ils sont parmi les plus beaux que se soient transmis les peuples latins : d’abord le grand duel entre les deux Villes rivales, qui aboutit à la Paix romaine, à l’établissement de l’Ordre administratif dans tout l’Occident et à la majesté de l’Empire ; puis le triomphe du catholicisme, affermi par Tertullien et Cyprien de Cartilage, surtout par Augustin d’Hippone ; enfin la lutte séculaire de l’Espagne et de la France contre les armes et le génie de l’Islam !… Toute cette Afrique du Nord est, pour nous, pleine d’histoire, — une histoire qui touche de très près à la nôtre, quand elle n’y est pas intimement mêlée. Le Français qui parcourt la Proconsulaire, la Numidie et la Maurétanie, marche environné de tout un cortège d’ombres illustres, — grandes figures nationales ou classiques. Depuis le premier des Scipions jusqu’à saint Louis, depuis André Doria et Duquesne, jusqu’à Bugeaud, Lamoricière et Lavigerie, combien d’hommes de notre race sont passés par ces mêmes chemins, pour combattre, coloniser, élever des villes ou des temples !