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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/872

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REVUE DES DEUX MONDES.

Devant ces vieux portraits aux cadres vermoulus
Qui m’ont si tristement redit que tu n’es plus.
Vers ton noble passé ma mémoire remonte,
Hélas ! en d’affreux jours de douleur et de honte
Où, comme pénétrés d’un miasme empoisonneur,
Dépérissent la foi, la bravoure et l’honneur.
Mais ce pauvre pays qui se rue aux abîmes
Est celui, tu le sais, des surprises sublimes.
Nos drapeaux sont changés, France des fleurs de lys !
Mais puisque le nouveau nous montre dans ses plis
Aux trois couleurs, lorsque le vent les développe,
Des mots en or prouvant qu’il fit le tour d’Europe,
Pour lui j’ose espérer un glorieux réveil.
Qu’avec l’aide de Dieu, splendide, au grand soleil,
Dans un ciel de victoire encore il se déploie !
Alors, oh ! je suis sûr que d’orgueil et de joie,
France des morts, dont j’ai le regret si troublant,
Tu frémiras dans ton linceul, le drapeau blanc !


François Coppée